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Requiem de l'année Berlioz

Reims
Basilique Saint-Rémi
06/27/2003 -  
Hector Berlioz: Requiem
Gilles Ragon (ténor)
Choeur Nicolas de Grigny, Jean-Marie Puissant (chef)
Orchestre national de Lorraine
Jacques Mercier (direction)

En ces temps de commémoration du bicentenaire de la naissance de Berlioz, les Flâneries Musicales de Reims proposent d’ouvrir leur 14ème festival avec le fameux Requiem, concluant ainsi un cycle commencé il y a deux ans. Pour fêter brillamment cet anniversaire, la direction artistique a fait appel à l’orchestre national de Lorraine, et à son nouveau chef Jacques Mercier, et au choeur rémois Nicolas de Grigny.

Interpréter le Requiem de Berlioz n’est pas une tâche facile et autant l’orchestre que le choeur que le soliste s’en sortent avec honneur et brio.
Le choeur Nicolas de Grigny est fidèle à la réputation qu’il se forge dans la région et qu’il tente de se forger dans le reste de la France et à l’étranger. Jean-Marie Puissant, ancien ténor dans le choeur des Arts Florissants, accomplit un effort remarquable au sein de cet ensemble avec une cadence impressionnante de concerts. Son travail préparatoire est très précis et les choristes, bénévoles, sont portés au maximum de leurs possibilités, qui sont loin d’être moindres. Contrairement à certains chœurs, même professionnels, les participants savent nuancer et surtout ils se montrent très attentifs à la diction. L’intégralité du texte est intelligible et les sons filés sur le mot “promisisti” de l’”Offertorium” méritent d’être soulignés. Berlioz laisse, dans cette oeuvre, la part belle au choeur qui est chargé à plusieurs reprises de débuter un morceau et de créer une ambiance. Les choristes de Nicolas de Grigny commencent le “quaerens me” avec beaucoup d’élégance et de finesse. Le crescendo initial permet au pupitre de sopranos, notamment, de développer les couleurs et les nuances et d’allier douceur et douleur.

La direction de Jacques Mercier, quant à elle, est claire, droite et le chef ne laisse aucune difficulté lui échapper. Il privilégie la douceur à la violence, la subtilité à l’artifice, à en juger par son attaque légère du “Requiem”. Et bien lui en prend car il donne une impulsion intéressante à cette oeuvre. Les instrumentistes sont également de grande qualité notamment les vents au début du “Dies Irae”. Jacques Mercier se montre excellent dans les montées de tension que réclame, par exemple, le “Lacrymosa”. Il tire de ce passage une grande émotion et une grande frayeur avec l’accent porté par les cordes qui empêchent irrévocablement le choeur de poursuivre son chemin de croix. Le chef est aussi très attentif à créer des atmosphères notamment dans le crescendo de l’”Offertorium” ou dans le célèbre “Turba mirum”. Les instruments s’enchaînent les uns avec les autres, causant une sorte de tourbillon presque envoûtant, effrayant mais jamais bruyant.

La seule réserve à apporter à ce concert se trouve dans le choix de Gilles Ragon. Même s’il est de plus en plus distribué dans des rôles assez lourds - Des Grieux de Manon de Massenet - , il ne faut pas oublier qu’il a débuté dans la tessiture de haute-contre: ce n’est pas un ténor lyrique. Son intervention se limite à une dizaine de minutes au moment du “Sanctus”, moment de calme par rapport au reste de l’oeuvre. Jacques Mercier prend le soin de baisser l’intensité de son orchestre pour que Gilles Ragon ne transforme pas son chant en cri mais dans la montée “Deus Sabaoth”, il n’atteint que difficilement les notes élevées et sa voix grésille quand elle ne saute pas. En revanche, à la reprise, le chanteur se montre plus franc avec les notes et réussit davantage. Ce qui est surtout dommage, c’est qu’on ne reconnaît à aucun moment son timbre de voix si particulier. Preuve, s’il en était besoin, que ce “Sanctus” ne lui convient pas et qu’il trouve de bien meilleurs emplois, même chez Berlioz. (voir sa prestation dans le rôle de Bénédict dans Béatrice et Bénédict à Bordeaux en mars-avril). Certes, à sa décharge, nombre de ténors se sont également cassés les dents sur cette partition et sur ce “Sanctus” qui demande une telle tension vocale.

Les Flâneries se sont ouvertes, cette année, dans des conditions assez spéciales puisqu’après l’impressionnant “Liber scriptus”, des intermittents du spectacle ont interrompu le concert pour s’adresser au public et exprimer leurs revendications. Grèves, sabotage, panne d’électricité n’entravent et n’entraveront jamais l’Art quand ce sont des musiciens tels que ceux qui étaient présents à Saint-Rémi, qui le servent. Cet arrêt - très mal perçu par le public rémois - a donné un élan supplémentaire aux interprètes qui ont transformé ce concert, qui s’annonçait intéressant, en véritable hommage à Berlioz.


A noter:
- les Flâneries continuent jusqu’au 10 août 2003.
- jeudi 7 août: récital de Gilles Ragon, accompagné d’Eric Martin-Bonnet et de Bertand Halary.
- vendredi 11 juillet: programme de Musique du XXème siècle a capella par le choeur national des Jeunes, dirigé par Jean-Marie Puissant.


Manon Ardouin

 

 

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