About us / Contact

The Classical Music Network

Paris

Europe : Paris, Londn, Zurich, Geneva, Strasbourg, Bruxelles, Gent
America : New York, San Francisco, Montreal                       WORLD


Newsletter
Your email :

 

Back

D''Arles à Londres...

Paris
Théâtre de Poissy
03/24/2003 -  
Georges Bizet : L'Arlésienne : suites n°1 et n°2
Hector Berlioz : Les Nuits d'Eté
Joseph Haydn : Symphonie n°104 Londres

Joyce diDonato (Berlioz)
Mahler Chamber Orchestra
Marc Minkowski

Bizet serait-il un compositeur intéressant et digne d'être redécouvert? C'est la question que l'on se pose lorsque l'on écoute Marc Minkowski diriger L'Arlésienne avec tant de subtilité et d'intelligence. Le chef baroque délaisse de plus en plus souvent Haendel et Rameau pour se consacrer à la musique française et bien lui en prend. Oeuvre connue essentiellement pour la marche des rois et la farandole finale, cette suite de danses possède des moments de pure tragédie, très souvent gommés par d'autres interprètes. Mais ici tout est souligné et si les musiciens plantent comme toile de fond le Soleil, la Provence, la tragédie n'est jamais bien loin et rôde dans la salle, notamment à travers le jeu des violons du prélude de la première suite et dans le tempo lent et élégant que le chef propose pour le début de l'adagietto de cette même suite. Les crescendo et decrescendo sont admirablement préparés et soutenus sans perte de tension pendant tout ce passage. M. Minkowski attaque sans préambule la marche des rois et accentue à l'extrême les accords initiaux de manière à les faire ressortir sans que cela paraisse riducule.


Après une mémorable Symphonie Fantastique en décembre dernier et avant un Roméo et Juliette très prometteur en avril prochain (Ferrare et Grenoble), Marc Minkowski et le Mahler Chamber Orchestra poursuivent avec grand bonheur leur parcours berliozien. Aujourd'hui ils rejoints par Joyce diDonato, remplaçant Anne-Sofie von Otter initialement prévue, pour donner les Nuits d'été. Cette partie du concert est assez surprenante car on y entend le meilleur comme le très moyen. Joyce diDonato, familière de cette oeuvre, ne semble guère à l'aise. Pratiquement inaudible dans la Villanelle, elle se rattrape dans L'Abscence (magnifiques tenues sur ma bien-aimée) et surtout dans L'Ile inconnue qui est de loin la mélodie la plus réussie. Elle parvient enfin à surmonter son trac et à donner le maximum d'elle-même, ce qui est particulièrement remarquable dans une salle où le public est assez indiscipliné... Pour cela elle utilise toute la puissance de sa voix et se montre beaucoup moins statique qu'au début du cycle: Les Nuits d'été commencent à vivre et ne sont plus seulement une succession de notes très bien faites mais sans âme. Néanmoins il faudra attendre la reprise en bis du Spectre de la rose (la dernière strophe est principalement travaillée Et sur l'albâtre... car ils adoptent un tempo lent laissant aux mots le pouvoir de se développer) pour s'apercevoir que Joyce diDOnato est certes une superbe technicienne chez Rossini mais aussi une chanteuse à suivre dans son étude de Berlioz. Marc Minkowski se montre lui aussi moins à l'aise que dans les autres oeuvres mais son introduction du Spectre est douce, élégante et il prépare admirablement l'entrée du chant.


Dernière oeuvre inscrite au programme de ce concert: la symphonie n°104 Londres de Haydn. Les incursions de Marc Minkowski chez cet auteur deviennent également de plus en plus fréquentes et avant de proposer d'autres pièces de ce compositeur dans ce même théâtre le 17 juin prochain, il en donne un avant-goût. Après un premier mouvement dirigé avec fougue et entrain, le second est plus décevant car assez décousu. Il sépare les périodes par des silences mais qui sont trop longs pour être des respirations. Le rythme s'en trouve alors haché et casse la dynamique de l'ensemble. Mais on retrouve le chef au meilleur de sa forme dans le troisième et quatrième mouvement où il semble s'effacer devant ses musiciens et les laisser jouer seuls tout en leur indiquant un mouvement ample et lyrique.

En guise de bis final, ils reprennent la farandole mais à un tempo encore plus rapide que dans le concert.


Le Mahler Chamber Orchestra confirme à chaque concert les immenses moyens dont il dispose. Les jeunes musiciens, sous l'égide d'un premier violon absolument remarquable voire exceptionnel dans Bizet, forment une équipe cohérente, ingrédient essentiel du succès. A noter le joueur de tambour extrêmement précis et soigneux dans la farandole.


Comme toujours à Poissy (est-ce que cela tiendrait à la salle?), Marc Minkowski nous offre un concert magnifique et inoubliable avec des oeuvres assez difficiles à interpréter car célèbres. Mais la lecture qu'il en propose comptera maintenant parmi les meilleures versions actuelles et il ne reste plus qu'à espérer que l'on pourra prochainement les retrouver au disque...


Manon Ardouin

 

 

Copyright ©ConcertoNet.com