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Le Chant du Cygne

Paris
Théâtre Mogador
02/15/2003 -  
Hector Berlioz : Béatrice et Bénédict (version de concert)
Béatrice Uria-Monzon (Béatrice), Inva Mula (Héro), Elodie Méchain (Ursule), Gordon Gietz (Bénédict), Jean-Sébastien Bou (Claudio), René Schirrer (Don Pedro), Gabriel Bacquier (Somarone)
Lionel Erpelding (texte de liaison)
Chœurs de chambre Les Eléments, Joël Suhubiette (chef des chœurs)
Orchestre National du Capitole de Toulouse, Michel Plasson (direction)



Avant d’entreprendre Béatrice et Bénédict, Berlioz déclarait «Ma maladie nerveuse a atteint des proportions effrayantes, je vous fais grâce du récit de mes maux» ; puis au moment de la création «je souffre physiquement chaque matin, chaque jour, de sept heures du matin à quatre de l’après-midi, d’une si rude manière, que mes idées pendant ces crises sont en confusion complète». Il en est résulté une merveille de légèreté «un caprice écrit avec la pointe d’une aiguille» et d’un humour tendre et railleur « on découvre que j’ai de la mélodie, que je puis être joyeux et même comique.»
L’opéra sera créé le 9 août 1862 à Baden-Baden avec un très grand succès, sans lendemain. C’est encore aujourd’hui, le moins souvent repris des trois ouvrages lyriques de Berlioz. L’action se déroule à Messine en Sicile et le livret du compositeur est adapté de la version simplifiée de Beaucoup de bruit pour rien comédie de Shakespeare.
La partition comporte une ouverture et quinze numéros qui enchaînent airs, duos, trios et chœurs. Elle est traitée dans les règles de l’opéra-comique et cherche le ton du marivaudage sans y réussir toujours car le lyrisme de Berlioz l’emporte parfois.


Trois passages sont à souligner et trois cantatrices à la tessiture vocale bien différente, ont été très remarquées.
Au début de l’œuvre, Hero dit son impatience de revoir Claudio «Je vais le revoir» illustre bien le raffinement stylistique et la pureté de la musique. La voix de soprano lyrique «d’agilita» d’Inva Mula a su dégager de cet aria un moment de grâce et d’émotion. L’acte se termine par un lent duo entre Hero et sa dame d’honneur Ursule, un nocturne d’une indescriptible beauté lyrique où le compositeur exprime son amour de la nature «nuit paisible et sereine.» Inva Mula, la soprano, et Elodie Méchain, la contralto, ont donné à ce morceau une incroyable douceur et suavité, leur voix s’harmonisant à merveille ; le spectateur s'est laissé bercer par cette mélodie lente et lumineuse.
A l’acte II Béatrice chante une grande aria «Il m’en souvient» qui finit par un allegro agitato «je l’aime donc». Béatrice Uria-Monzon, la mezzo, a été prenante avec un souffle et une projection du son où chaque syllabe était sonore et musicale.
Le personnage bouffe de Somarone, sorte de maître de chapelle, ajouté par Berlioz (peut-être pour faire plus opéra-comique !) était tenu par l’inénarrable baryton-basse de 79 printemps, Gabriel Bacquier. Au 1er acte, il a su être drôle sans trop d’exagération avec les chœurs dans l’épithalame grotesque et au 2e acte en chantant avec truculence la chanson à boire.
Une mention spéciale à Jean-Sébastien Bou, baryton, aide de camp du général et à René Schirrer, basse, don Pedro général de l’armée sicilienne.
Une petite déception envers le ténor Gordon Gietz dont les moyens vocaux ne lui permettaient pas d’assurer complètement la tessiture aiguë qu’exige le rôle de Bénédict, aussi a-t-il été contraint de forcer sa voix à plusieurs reprises.
Félicitations au Chœur de chambre Les Eléments que Joël Suhubiette a dirigé avec poigne et éclat au 1er acte. Puis lors du passage du 2e acte, comparable à l’apothéose de Marguerite de la Damnation, il a laissé cette partie élégiaque envahir et envelopper la salle très recueillie.
Il faut dire que l’orchestre national de Toulouse sous la baguette de Michel Plasson a largement aidé, accompagné, soutenu chanteurs et chœurs : il suffit de regarder aussi la battue du Chef. Il a su, à son habitude, respecter scrupuleusement la partition avec précision, legato, ampleur et en faire ressortir les différentes couleurs.


Mon calendrier est assez fourni, nous a dit Inva Mula l’issue de ce spectacle :
«Au début du mois (2, 4, 6 février) j’ai fait une prise de rôle Juliette de I Capuleti e i Montecchi de Bellini à Montpellier, c’est un personnage que j’aime beaucoup et il correspond exactement à ma voix. Puis est venu ce rôle de Hero de Béatrice et Bénédict que j’ai chanté le 13 à Toulouse et ce soir avec la même distribution sous la direction de maestro Plasson. Entre ces deux dates (le 14) j’ai participé au concert des lauréats Operalia-Domingo (voir l’écho du 14 février) au Châtelet car je n’oublie pas mon 1er prix obtenu dans ce 1er concours en 1993 à Paris. C’est assez dur car je n’ai pas beaucoup de répit. Je me repose peu de jours avant mon départ le 24 février vers New York pour un récital . J’y reste une semaine puis je commence les répétitions à Parme de l’Elisir d’Amore. Ensuite il est prévu Micaëla de Carmen à Bilbao. Entre temps j’ai plusieurs concerts et cet été en août je ferai Traviata aux Chorégies d’Orange avec Rolando Villazon . En fin d’année je serai à Milan pour les répétitions de Gianni Schicchi à la Scala. Pour la saison prochaine, j’ai entre autre en mémoire La Traviata à Bologne, Norina du Don Pasquale à Rome, et à Paris une Traviata à Bastille et Les Contes d’Hoffmann à Bercy. Nous nous reverrons peut-être !... »




E.G. Souquet

 

 

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