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Grandeur de l’humble serviteur

Paris
Théâtre Mogador
02/05/2003 -  et 6* février 2003

Johannes Brahms : Variations sur un thème de Haydn, opus 56a
Joseph Haydn : Symphonie n° 96 «Miracle»
Igor Stravinski : L’Oiseau de feu

Orchestre de Paris, Bernard Haitink (direction)


Ce concert dirigé par Bernard Haitink était attendu avec d’autant plus d’impatience qu’il était finalement le seul des deux programmes que l’ancien patron du Concertgebouw devait donner ce mois-ci avec l’Orchestre de Paris, celui de la semaine prochaine étant assuré par Christoph Eschenbach.


Dès les Variations sur un thème de Haydn de Brahms, le chef néerlandais, bien qu’usant d’une gestique très sobre, imprime très nettement sa marque. Ample, olympienne, opulente même, fondée sur des bas(s)es solides, son approche fait ressortir chaque détail sans l’éclairer pour autant d’une lumière trop intense. Il confère à l’orchestre une splendide plénitude sonore et une inhabituelle rondeur allemande, mais cette beauté sereine ne constitue pas une fin hédoniste en soi et ne souffre d’aucune complaisance, tant il fait partie de ceux qui servent humblement la musique et non de ceux qui s’en servent pour briller.


Même si, en réalité, le «thème de Haydn» utilisé par Brahms… n’est pas de Haydn, l’enchaînement était tout trouvé, puisque c’est sa Quatre-vingt-seizième symphonie «Miracle» qui venait ensuite, ainsi étrangement présentée en seconde position de la première partie. Première venue des symphonies Londoniennes, elle doit son surnom à un incident qui en aurait marqué la création - la chute d’un candélabre au fond de la salle ayant épargné le public alors pressé autour de la scène où le compositeur était apparu - mais dont l’authenticité et l’ampleur sont contestées et qui ne se serait d’ailleurs produit que quatre ans plus tard, lors de la première audition de la Cent-deuxième. Donnant une véritable leçon de style classique, Haitink démontre que contrairement à certains de ses collègues, il n’applique pas une recette unique dans toutes les œuvres qu’il dirige. A la tête d’une formation restreinte (trente et une cordes) dont il obtient des textures toutes de finesse et de transparence, il souligne en effet l’équilibre rayonnant de cette symphonie. Evidente, naturelle, sans excès, sa conception laisse toutefois la place aux rebondissements dramatiques, notamment dans le vivace assai final.


Haitink dans L’Oiseau de feu, c’est une affiche faussement surprenante, car s’il ne s’est sans doute surtout fait connaître et apprécier dans un répertoire essentiellement classique, romantique et germanique, il n’en a pas moins gravé par exemple de fameux Debussy. Ici encore, toujours partition sous les yeux, il ne fera aucune concession à l’à-peu-près ou au laisser-aller. Sans jamais en rajouter, mais sans pour autant verser dans une froideur excessive, il n’en ménage pas moins des moments de poésie, d’expression ou de puissance. D’une exigence sans failles et d’une finition irréprochable, sa lecture très contrôlée, précise et subtile laisse s’exprimer une musique qui se suffit largement à elle-même et magnifie l’instrumentation de Stravinski, d’autant que comme tout au long de cette soirée, l’Orchestre de Paris, tous pupitres confondus, délivre une prestation d’une exceptionnelle qualité.



Simon Corley

 

 

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