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Débuts autour d'un barbier

Paris
Opéra National de Paris-Bastille
01/15/2003 -  et 17*, 19, 22, 24, 27, 30 janvier, 2, 6 février
Gioacchino Rossini : Le Barbier de Séville
Vassili Gerello (janvier)/Giorgio Caoduro (février) (Figaro), Vivica Genaux (Rosina), Jeanette Fischer (Berta), Bruce Fowler (Almaviva), Bruno Pratico (Bartolo), Peter Rose (Basilio), Giorgio Caoduro (janvier)/Sergei Stilmachenko (février) (Fiorello)
Coline Serreau (mise en scène), Jean-Marc Stehlé, Antoine Fontaine (décors), Elsa Pavanel (costumes), Geneviève Soubirou (lumières)
Orchestre et Choeurs de l'Opéra National de Paris, Jesus Lopez-Cobos (direction)

Cette reprise du spectacle plaisant et conventionnel de Coline Serreau (le remplacement des volants andalous par les gandouras ne soutient pas l'intérêt d'une première partie assez faible, mais la seconde fourmille de jolies idées, comme la scène de l'orage ou le tableau final) attirait l'attention par trois débuts in loco. Ceux de Vivica Genaux en premier lieu : la mezzo polaire impose ici un style bien plus adapté au Rossini bouffe qu'au seria de Haendel, vocalisation volubile et ondoyante, phrasé de rêve jusque dans ses récitatifs d'une souveraine imagination rythmique. La technique à la Horne ne brille pas, à l'inverse de son modèle, par l'intégration du grave, trop voilé, l'aigu est court, mais le haut-médium se pare d'une somptueuse robe de pourpre. Et l'actrice aux gestes et au regard magnétiques atteint l'idéal (rare) dans Rosine, parfait équilibre entre charme racé et rouerie. Bruce Fowler affronte avec cran le rôle impossible d'Almaviva : les limites sont évidentes dans l'extrême aigu ou dans la conduite du souffle en fin de phrase, mais la ligne de chant est élégante et sûre, le timbre plus brillant que coloré conserve son assise sur toute la tessiture. Peter Rose se montre aussi autoritaire dans Basile que ses concurrents slaves ou germaniques, mais bien plus musicien - ce n'est pas si fréquent non plus. Aux côtés de ces nouvelles figures qu'on espère retrouver régulièrement sur la scène de l'Opéra, Vassili Gerello donne à Figaro sa formidable gouaille et sa belle santé vocale (s'il s'accommode sans trop de scrupules de la partition et ne manifeste guère de manières belcantistes exceptionnelles), Bruno Pratico compense une voix parfois courte par l'excellence du style et les talents comiques. Et gloire à Jeannette Fischer : c'est pour l'espèce menacée des sopranos de caractère qu'un rôle comme Berta fut écrit, et leur seul talent qui le justifie - Serreau l'a très bien compris d'ailleurs. La complicité, la qualité du jeu de l'équipe est au demeurant un vrai bonheur, comme son excellente entente musicale. Lopez-Cobos soigne il est vrai admirablement la balance entre les voix et avec la fosse. Mais on admire d'autant plus les chanteurs d'animer la comédie que rien dans sa direction ne donne corps au théâtre. Attaques molles, tempos peu variés (toute l'édition critique, rien que l'édition critique, sans doute ; mais alors, pourquoi couper encore "Cessa di piu resistere" ?), rubato et contrastes rythmiques proscrits au profit d'une fluidité petit doigt en l'air, jolie, aérienne, mais inconsistante - et brisée par maints accidents d'un orchestre en très petite forme : rarement entendu d'orage aussi laid. Frustration fâcheuse, pour une soirée placée par ses interprètes sous le signe d'un telle jubilation.



Vincent Agrech

 

 

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