|
Back
Rencontres au sommet München Nationaltheater 12/07/2025 - et 8*, 9 décembre 2025 Johannes Brahms : Concerto pour piano n° 1, opus 15
Piotr Ilyitch Tchaïkovski : Symphonie n° 4, opus 36 Daniil Trifonov (piano)
Bayerisches Staatsorchester, Kyrill Petrenko (direction)  (© Geoffroy Schied)
Le public de l’Opéra de Munich reste très fidèle au souvenir de son ancien directeur musical. Ces trois concerts se donnent à guichets fermés et bon nombre de mélomanes attendaient à l’extérieur, cherchant à entrer avec des pancartes « Suche Karte ».
Il y a quelques saisons, Manfred Honeck et l’Orchestre symphonique de la Radio bavaroise avaient démarré ce même Premier Concerto de Brahms avec une splendeur sonore retentissante. Petrenko a une toute autre conception, plus intérieure et méditative. Les tempi ne sont pas précipités. Les cordes sont très homogènes et on perçoit d’emblée la qualité des phrasés et le soin apporté aux équilibres.
Daniil Trifonov est au diapason de cette approche. Sa partie est très construite et il privilégie une approche concertante. Le deuxième mouvement est un vrai moment de musique de chambre. Alors que nombre de pianistes jouent sur la richesse sonore de l’écriture pianistique de Brahms, Trifonov, comme l’avait fait András Schiff dans un récital qui incluait les pièces Opus 117 à 119 en 2018, trouve une très grande variété de nuances. Donné ainsi, ce concerto, intimiste et plein de poésie, est une réelle redécouverte.
Très applaudi par un public particulièrement concentré, Trifonov donne en bis une pièce de Serge Taneïev qui reste dans la même veine lyrique.
La seconde partie nous propose un Tchaïkovski plus traditionnel. Mais à nouveau, l’excellence musicale est impressionnante. Une fois passée l’introduction aux cors un peu délicate, l’orchestre est resplendissant avec une sonorité très compacte et beaucoup de densité. Les interventions des solistes sont superbes : Markus Schön à la clarinette, Olivier Tardy à la flûte, Milena Viotti au cor et Giorgi Gvantseladze au hautbois. Petrenko reprend ses habitudes de chef de théâtre : il y a à la fois une superbe construction, une caractérisation de tous les instants et une réelle tension dramatique sans la moindre sentimentalité.
Que demander de plus à cette superbe soirée simplement idéale qui est sans nul doute l’un des sommets de cette saison symphonique, pourtant si riche à Munich ?
Antoine Lévy-Leboyer
|