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Héritage et audace

Vienna
Musikverein
11/11/2025 -  et 30, 31 octobre 2025 (Leipzig)
Johannes Brahms : Concerto pour violon, opus 77
Dora Pejacevic : Symphonie en fa dièse mineur, opus 41

Augustin Hadelich (violon)
Gewandhausorchester Leipzig, Andris Nelsons (direction)


A. Nelsons (© Gerd Mothes)


Rarement jouée ou enregistrée, la Symphonie en fa dièse mineur de Dora Pejacevic (1885‑1923) connut un destin mouvementé. Après une création partielle au Musikverein de Vienne en 1918 – amputée de deux mouvements –, elle devait être reprise intégralement, dans une version profondément remaniée, par Arthur Nikisch en 1922 avec l’Orchestre du Gewandhaus de Leipzig. La mort du chef interrompit ce projet, contribuant durablement à l’oubli de l’œuvre. Il aura fallu attendre un siècle pour qu’Andris Nelsons la reprogramme avec le même orchestre, dans le cadre des concerts commémorant la disparition du chef hongrois.


Née à Budapest au sein d’une famille aristocratique croate, Dora Pejacevic parcourut la Mitteleuropa dans les turbulences du début du siècle, revendiquant une indépendance d’esprit dont témoignent sa vie et sa musique. Tonale mais résolument modulante, la symphonie déploie une écriture héroïque évoquant parfois un Strauss aux inflexions slaves, un sens du flux musical qui rappelle Wagner (le mouvement lent propulsé par un solo de cor anglais), et des coloris franckistes. L’Orchestre du Gewandhaus s’en saisit avec une conviction irrésistible, mobilisant sa palette de timbres capiteux et sa transparence sonore pour communiquer toute l’intensité de cette musique généreuse et imaginative.


En première partie, Augustin Hadelich rappelle qu’il n’est nul besoin de surcharge expressive pour renouveler l’effet des écoutes répétées du Concerto pour violon de Brahms. Que cette musique est belle lorsqu’elle est jouée avec un tel lyrisme naturel, dans des tempi qui avancent sans rubato appuyé ni accentuations excessives, s’élargissant imperceptiblement dans les passages les plus intenses ! La noblesse du premier mouvement se conclut par une cadence composée par le soliste, mêlant habilement sa créativité virtuose au langage brahmsien. L’Adagio, traité avec une densité orchestrale inhabituelle, tout en gagnant en intensité ce qu’il perd un peu en simplicité, assumant pleinement sa fonction d’introduction au finale. Le concerto se clôt dans une veine plus symphonique que tzigane, séduisant par la richesse des accents et des phrasés, les changements d’éclairage chatoyants et les contrastes ludiques entre lignes horizontales et verticales.



Dimitri Finker

 

 

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