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Une nouvelle distribution en rodage

Colmar
Théâtre municipal
11/04/2025 -  et 5* (Colmar), 14, 15, 16, 21, 22, 23, 29 (Strasbourg) novembre, 5 décembre (Mulhouse) 2025
Harvey Schmidt : Les Fantasticks
Jessica Hopkins (Luisa), Artus Maël (Matt), Eduard Ferenczi Gurban (El Gallo), Inès Prevet (Mme Hucklebee), Pierre Romainville (M. Bellomy), Quentin Ehret (Le Muet), Benoit Moreira Da Silva (Mortimer), Yann Del Puppo (Henry)
Katia Vassor (harpe), Anaëlle Reitan*/Thibaut Trouche (piano)
Myriam Marzouki (mise en scène), Margaux Folléa (décors), Laure Mahéo (costumes), Emmanuel Valette (lumières), Christine vom Scheidt (chorégraphie)


(© Klara Beck)


Créé en 1972 pour réunir les forces conjointes des trois plus grandes villes d’Alsace, l’Opéra national du Rhin (ONR) a logiquement réparti ses fonctions principales entre Strasbourg (siège administratif et grandes productions), Mulhouse (ballet) et Colmar (Opéra Studio dévolu aux jeunes artistes). C’est précisément dans cette dernière ville que débute la reprise de la comédie musicale américaine Les Fantasticks (1960) d’Harvey Schmidt dans une adaptation française d’Alain Perroux, créée l’an passé dans plusieurs villes de la région. Il s’agit en effet d’une production labellisée « opéra volant », qui a pour objectif d’être présentée au‑delà du trio des trois cités habituelles précitées, élargissant ainsi les publics visés par l’ONR. Une initiative évidemment à soutenir, afin de contribuer à faire rayonner le répertoire lyrique avec des spectacles de qualité.


Découvrir cette production dans le cadre du splendide Théâtre municipal de Colmar est déjà en soi un privilège, tant cette salle à l’italienne, construite en 1849 et agrandie en 1902, charme par son raffinement sans ostentation, à même de mettre en valeur son lustre et son plafond au décor mythologique. L’intimité de cette salle de 750 places sied admirablement à l’esprit de la comédie musicale de Schmidt, elle‑même créée dans l’un des théâtres de poche de Broadway, de moins de 200 places. Plus grand succès en terme de longévité à New York, avec quarante‑deux ans de représentation sans discontinuer, l’ouvrage a également été rapidement repris dans une multitude de petites salles, du fait de son économie de moyens : cinq chanteurs, trois comédiens et deux musiciens sont en effet nécessaires pour monter ce spectacle. Une démocratisation et un succès populaire qui fait indéniablement penser aux opéras de chambre de Britten, eux‑mêmes composés lors de cette période pour pouvoir être montés un peu partout et échapper au monopole des grandes institutions.


Parmi les atouts du spectacle, son livret parle à toutes les générations, en racontant les fantasmes et les illusions liés au désir amoureux : la parodie de Roméo et Juliette en première partie s’avère ainsi délicieuse, en mêlant plusieurs autres extraits des pièces de Shakespeare. On retrouve ainsi l’esprit désopilant et volontiers burlesque des grandes comédies du dramaturge, avec un mur interprété par un acteur muet. Visuellement, la mise en scène de Myriam Marzouki joue la carte de la finesse et de l’élégance, en plongeant les interprètes dans l’univers des années 1960. On aurait sans doute aimé voir davantage de folie dans ces tableaux agencés rapidement sous nos yeux, afin d’y déceler quelques réminiscences du surréalisme de Magritte ou percevoir, derrière certains costumes stricts, la facétie des plasticiens Gilbert et George. Quoi qu’il en soit, Marzouki préfère en rester à une simplicité sans gags surchargés, autour des délicieuses chorégraphies imaginées par Christine vom Scheidt.


De ce spectacle consensuel et finalement trop sage, se dégage un charme au parfum suranné, qui repose en grande partie sur l’énergie des interprètes : il faudra certainement encore un peu de rodage pour nous emporter pleinement dans le tourbillon du I, alors que la seconde partie, plus sombre, fonctionne mieux, face aux interrogations existentielles des protagonistes. Parmi les grandes satisfactions vocales de la soirée, Jessica Hopkins et Inès Prevet rivalisent de brio scénique et de fraîcheur vocale, tandis qu’Artus Maël (seul non membre de l’Opéra-Studio) fait entendre quelques rudesses dans les changements de registre. Son timbre solaire fait oublier une technique encore à parfaire, heureusement compensée par une aisance dramatique bienvenue. Outre le solide Pierre Romainville, on aime la prestance d’Eduard Ferenczi Gurban en maître de cérémonie, malgré un manque de graves par endroits. Les comédiens Benoit Moreira Da Silva et Yann Del Puppo se montrent encore un peu tendres dans leur reparties comiques : là encore, on attend davantage de prises de risque pour ces rôles parlés. On regrette aussi que les musiciennes Katia Vassor et Anaëlle Reitan ne soient pas visibles sur le plateau, ce qui aurait permis de jouer davantage sur les allusions musicales de la partition, en lien avec l’action.



Florent Coudeyrat

 

 

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