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Ouverture de saison réussie

Geneva
Grand Théâtre
09/21/2025 -  et 23, 26, 28* septembre, 1er, 4 octobre 2025
Richard Wagner : Tannhäuser
Daniel Johansson/Samuel Sakker* (Tannhäuser), Jennifer Davis (Elisabeth), Victoria Karkacheva (Venus), Stéphane Degout (Wolfram von Eschenbach), Franz‑Josef Selig (Hermann, Landgraf von Thüringen), Julien Henric (Walther von der Vogelweide), Mark Kurmanbayev (Biterolf), Jason Bridges (Heinrich der Schreiber), Raphaël Hardmeyer (Reinmar von Zweter), Charlotte Bozzi (Ein junger Hirt), Lorraine Butty, Louna Simon, Roxane Macaudière, Anna Manzoni (Edelknaben)
Chœur du Grand Théâtre de Genève, Mark Biggins (préparation), Orchestre de la Suisse Romande, Mark Elder (direction musicale)
Michael Thalheimer (mise en scène), Henrik Ahr (décors), Barbara Drosihn (costumes), Stefan Bolliger (lumières), Maximilian Enderle (dramaturgie)


(© Carole Parodi)


Le Grand Théâtre de Genève vient d’ouvrir sa saison 2025-2026 en beauté, avec Tannhäuser de Wagner dans la version de Vienne (1875), où la scène du Venusberg occupe une place bien plus importante que dans l’édition de Dresde (1845). L’institution revient pourtant de très loin : deux mois avant la première, la metteur en scène Tatjana Gürbaca déclare forfait pour raisons de santé, ce qui met en péril la production. Heureusement, le Grand Théâtre a pu compter sur Michael Thalheimer, lequel avait déjà signé à Genève Parsifal en 2023 et Tristan et Iseult en 2024, et qui a accepté de reprendre le flambeau « par devoir », comme il l’explique dans le programme de salle. Par chance, les deux metteurs en scène travaillent avec la même équipe (Henrik Ahr pour les décors, Barbara Drosihn pour les costumes et Stefan Bolliger pour les lumières). On ne sait pas exactement ce que Michael Thalheimer a repris du concept imaginé par Tatjana Gürbaca, mais toujours est-il que cette nouvelle production genevoise de Tannhäuser se caractérise par son minimalisme scénique, sur un plateau complètement épuré, meublé uniquement d’un énorme cylindre tournant sur lui-même et flanqué d’escaliers en colimaçon, un dispositif surtout utilisé au premier acte. On apprend dans le programme que le cylindre est inspiré de l’accélérateur à particules du CERN, non loin de Genève. Pendant le prologue, un ange aux ailes noires descend des cintres, la tête en bas, alors que des hommes à tête d’animaux parcourent la scène de long en large. Durant la séquence du Venusberg, Tannhäuser et Venus se déplacent avec peine dans le cylindre en mouvement, qui se révèle être un piège duquel le héros va finir par sortir pour aller rejoindre la Wartburg et Elisabeth. Les solistes et les choristes portent des habits modernes, conférant au spectacle un caractère intemporel. La mise en scène joue aussi beaucoup avec les contrastes, grâce notamment à d’habiles jeux de lumière entre le jour et la nuit pour symboliser le conflit intérieur de Tannhäuser, oscillant entre le désir charnel et la quête spirituelle.


Si la partie scénique du spectacle, très épurée, peut laisser les spectateurs quelque peu sur leur faim, la partie vocale et musicale comble toutes les attentes. Victoria Karkacheva incarne une Vénus très sensuelle, avec sa belle voix ronde et corsée, aux graves envoûtants et aux aigus puissants. Jennifer Davis, qui campe une Elisabeth entièrement vêtue de blanc, est une révélation : la soprano irlandaise émerveille tout d’abord par ses accents puissants et lumineux, projetés avec une aisance déconcertante, puis par ses prières tendres et douces, avec une voix parfaitement homogène sur toute la tessiture. Stéphane Degout est un Wolfram d’anthologie, avec une ligne vocale superbe dans la célèbre « Romance à l’étoile », véritable moment de grâce de la production. Franz‑Josef Selig est un Hermann au timbre noble et grave. On mentionnera aussi le berger émouvant de Charlotte Bozzi. Le Tannhäuser de Samuel Sakker n’atteint pas les mêmes sommets que ses collègues. Au début du spectacle, on le sent tendu, avec des aigus un peu forcés, mais le ténor va monter en puissance pour finir par déployer des accents puissants et déchirants. Constamment sollicités, les choristes du Grand Théâtre de Genève sont superbes de précision, de cohésion et d’engagement. A la tête d’un Orchestre de la Suisse Romande des grands soirs, avec notamment des interventions solo des vents absolument superbes, Mark Elder propose une interprétation riche en couleurs et magnifiquement contrastée de la partition de Wagner, à laquelle il manque parfois un peu d’ampleur. La saison lyrique genevoise a démarré en beauté !



Claudio Poloni

 

 

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