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Grande classe

Paris
Boulogne-Billancourt (La Seine musicale)
09/20/2025 -  et 28 septembre 2025 (Coignières)
Béla Bartók : Musique pour cordes, percussions et célesta, Sz. 106
Maurice Ravel : Tzigane – Boléro
Igor Stravinski : L’Oiseau de feu (Suite, 1919)

Ann-Estelle Médouze (violon)
Orchestre national d’Ile-de-France, Case Scaglione (direction)


(© La Seine musicale)


Dernier orchestre francilien à débuter sa saison l’Orchestre national d’Ile‑de‑France (ONDIF) faisait simultanément ce soir l’inauguration de la nouvelle saison musicale de l’auditorium de La Seine musicale. En cette fin d’année anniversaire (150 ans de sa naissance), Maurice Ravel y était à l’honneur, associé, non sans pertinence, avec Igor Stravinski et Béla Bartók. Au pupitre, le directeur musical de l’ensemble depuis 2019, l’Américain Case Scaglione, dont le travail de fond a souvent été souligné même si son départ a été annoncé pour septembre 2027. En début de concert ce jeune et élégant chef prend la parole dans un excellent français pour présenter la pièce de Bartók en rappelant notamment qu’elle a été utilisée par le réalisateur Stanley Kubrick dans l’un de ses chefs‑d’œuvre, The Shining.


Et Bartók ne semble avoir aucun secret pour ses musiciens, qui s’y plongent avec une audible délectation. La répartition en deux ensembles centrés par le piano et le célesta est ici parfaitement rendue et servie par la belle acoustique de cet auditorium. Les cordes, d’un beau pianissimo habité, débutent avec la tension nécessaire cette pièce alternant des climats très changeants par la suite. L’Adagio et son début fantomatique est parfaitement angoissant et le final libère une tension joyeuse très Mitteleuropa. En somme, une très belle exécution, intense, parfaitement en place et d’une sobriété efficace. On sent un vrai travail sur le son, une approche esthétique qui sonne juste et un bel équilibre. Il en sera de même durant toute la suite du concert.


Après l’entracte, c’est la violoniste super-soliste de l’orchestre, Ann‑Estelle Médouze, qui nous offre un Tzigane de Ravel superbe de tension, de ligne et de justesse. Le début de l’œuvre, qui sous d’autres archets peut sembler aride, sonne ici avec un naturel confondant. Dans la seconde partie de la pièce, lorsque le violon rejoint l’orchestre, la fusion des deux univers, d’abord progressive, se fait ensuite passionnée pour devenir totale. Et l’esprit tzigane de cette pièce toujours aussi fascinante est bien au rendez‑vous. Décidément, quelle chance pour l’ONDIF d’avoir un tel premier violon en la personne d’Ann‑Estelle Médouze !


La Suite de L’Oiseau de feu – il s’agit ici de la version de 1919 en cinq parties – réunit parmi les plus beaux passages de l’œuvre composée par un Stravinski de 27 ans encore imprégné de la science orchestrale de son maître Rimski‑Korsakov. Ici aussi la réalisation est exemplaire, fluide, naturelle et puissante quand il le faut. Les solistes chantent avec naturel et beauté que ce soit le basson, la flûte, le hautbois ou le cor solo, qui réussit superbement un très difficile pianissimo à la toute fin de l’œuvre. Quant au timbalier, il semble régner sur cette exécution avec une fabuleuse et efficace présence.


Enfin, le Boléro de Ravel est maîtrisé dans une progression volontaire parfaitement équilibrée jamais excessive. Là encore, les différents interventions solistes ravissent, comme les deux caisses claires, d’une précision métronomique. Comme toujours, la géniale musique de Ravel déclenche un tonnerre d’applaudissements d’un public jusque‑là assez sage. En cadeau, le chef américain et ses musiciens nous offrent la Cinquième Danse hongroise de Brahms avec tout le rubato qu’il convient. Un chef qui, à l’issue du concert, ira saluer avec chaleur et une palpable reconnaissance quelques‑uns des brillants solistes de cet ensemble.


Au total, ce fut un très beau concert de rentrée qui confirme, si nécessaire, l’excellente forme de l’orchestre et sa belle entente avec son directeur musical. On regrette l’absence de vrai programme, remplacé par une simple feuille avec code barre ne renvoyant pas à un éventuel texte explicatif mais à la présentation des activités futures du lieu. Mais quel plaisir de voir cette salle parfois boudée par le public ici presque pleine ! Encore un petit effort et cette salle qui a plein d’atouts sera enfin régulièrement pleine. On se réjouit aussi de savoir que l’ONDIF se produira désormais trois fois par an dans cette belle acoustique qui, soit dit en passant, nous semble bien plus adaptée à un orchestre symphonique que celle de l’Auditorium de Radio France.


Le site de l’Orchestre national d’Ile‑de‑France



Gilles Lesur

 

 

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