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Les seconds seront les gagnants ?

Paris
Opéra National de Paris Bastille
09/17/2002 -  20*, 25, 30 septembre, 4, 7, 9, 13, 17 octobre
Jacques Offenbach : Les Contes d'Hoffmann
Neil Shicoff/Luca Lombardo* (Hoffmann), Suzanne Mentzer/Kristine Jepson* (La Muse, Nicklausse), Désirée Rancatore (Olympia), Ruth Ann Swenson/Nancy Gustafson* (Antonia), Béatrice Uria-Monzon (Giulietta), Nora Gubisch (Voix), Bryn Terfel*/Laurent Naouri (Lindorf, Coppélius, Miracle, Dapertutto), Michel Sénéchal (Andres, Cochenille, Frantz, Pitichinaccio), Alain Vernhes (Luther, Crespel)
Orchestre et Chœurs de l'Opéra National de Paris, Jesús López Cobos (direction musicale)
Robert Carsen (mise en scène), Michael Levine (décors et costumes), Jean Kalman (lumières)

Reprise bienvenue du spectacle rigoureux et sage de Robert Carsen, injustement décrié lors de sa création - les premiers tableaux et l'acte d'Antonia furent-ils souvent plus pertinents ? Sous la baguette dangereusement nonchalante de Jesús López Cobos (qui court après les choristes, à moins que ce soit l'inverse), l'orchestre n'affiche pas moins d'idéales couleurs, parfait équilibre de transparence (française ?) et de densité romantique - à l'allemande, pour suivre le cliché jusqu'au bout. La première distribution témoignait, nous assure-t-on, d'une admirable maîtrise de l'espéranto ; on chante davantage en français ce soir, à quelques exceptions près, dont Béatrice Uria-Monzon, hélas, dont l'impavide beauté scénique et vocale ne renoue point avec les heureux efforts de sa Dulcinée. Fermons sur Nancy Gustafson une paupière indulgente : elle est arrivée à la dernière minute, et si rien dans le verbe, dans la ligne, dans le timbre de cette digne Eva n'évoque Antonia, on en déduira juste que Mireille Delunsch ou Norah Amsellem n'étaient sans doute pas libres… L'accent exotique de Bryn Terfel ne nuit en revanche ni à la compréhension, ni à la caractérisation, et si le personnage n'a pas la ronde perfidie d'un Van Dam, il a pour lui la violence contenue, l'autorité vocale souveraine - " Scintille, diamant " oublié… Le plaisir du texte musical, on le retrouve avec le merveilleux duo Vernhes - Sénéchal (entendre le second, après cinquante ans de la carrière qu'on sait, pleurer sur les défauts de sa " méthode " s'avère d'une ironie délicieuse). Luca Lombardo ne leur cède guère quant à l'excellence de la diction ; mais la voix n'est pas celle d'Hoffmann, avec sa raide virulence, ses passages abrupts de registre, son manque de souplesse et de nuances. Et pour la vision romantique, peut-être nous échappe-t-elle… L'idéale alliance entre mot et chant, entre expression et musique, c'est donc Désirée Rancatore et Kristine Jepson qui nous l'offriront. La première reprend avec aplomb le numéro conçu pour Dessay, moins extra-terrestre , moins prodigue en notes surajoutées d'un jet de laser, mais tout aussi libre dans la tessiture, plus souple et naturelle d'émission, avec dans le phrasé un épanchement de legato qui peut surprendre (où est alors la mécanique de la poupée ?), mais ne manque finalement pas de séduire. Muse et Nicklausse moins virevoltante que Kirchschlager, la seconde trouve pourtant mieux ses marques, voix plus large que ses prestigieuses collègues dans le riche royaume des mezzos légers, mais souffle ductile rompu au trait fin et aux subtilités dynamiques. La révélation d'une soirée qui, avec un autre chef et trois ou quatre autres chanteurs, ne se fut pas ainsi arrêtée au milieu du gué.


Compte rendu de la création de la production en 2000


Vincent Agrech

 

 

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