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Bregenz

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Fantasmagorie aquatique

Bregenz
Seebühne
07/17/2025 -  et 18, 19, 20, 22, 23, 24, 25, 26, 27, 29, 30, 31 juillet, 1er, 2, 3, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 12, 14, 15, 16, 17* août 2025
Carl Maria von Weber : Der Freischütz, opus 77, J. 277
Liviu Holender/Johannes Kammler* (Ottokar), Franz Hawlata/Raimund Nolte* (Kuno), Mandy Fredrich/Irina Simmes/Anne‑Fleur Werner* (Agathe), Mirella Hagen*/Hanna Herfurtner/ Katharina Ruckgaber (Annchen), David Steffens*/Oliver Zwarg (Kaspar), Thomas Blondelle*/Attilio Glaser/Mauro Peter (Max), Moritz von Treuenfels*/Niklas Wetzel (Samiel), Frederic Jost/Andreas Wolf* (Ein Eremit), Michael Borth*/Maximilian Krummen (Kilian)
Bregenzer Festspielchor, Benjamin Lack (préparation), Prazský filharmonický sbor, Lukás Kozubík (préparation), Wiener Symphoniker, Patrik Ringborg*/Christoph Altstaedt (direction musicale)
Philipp Stölzl (mise en scène, décors, lumières), Franziska Harm (collaboration aux décors), Gesine Völlm (costumes), Florian Schmitt (lumières), Wendy Hesketh-Ogilvie (mouvements et cascades), Jamie Ogilvie (directeur technique cascades), Alwin Bösch, Clemens Wannemacher (sonorisation), Jan Petzold (effets sonores), Olaf A. Schmitt (dramaturgie)




Petite ville autrichienne (30 000 habitants) située au bord du lac de Constance, à quelques encablures de l’Allemagne et de la Suisse, Bregenz accueille, depuis 1946, un festival qui a la particularité de présenter une production lyrique extrêmement spectaculaire, sur une scène flottante construite sur pilotis, face à 7 000 spectateurs. Le même spectacle est généralement programmé deux années de suite. Chaque été, on donne ainsi une trentaine de représentations, pour un total de quelque 200 000 spectateurs. Pour son édition 2025, le Festival de Bregenz a repris le Freischütz, étrenné l’année dernière. Le spectacle est tout simplement magistral, une merveille de technologie et d’effets spéciaux. Le dispositif scénique figure un village médiéval fantasmagorique, au‑dessus duquel brille une énorme lune blanche. C’est l’hiver, les quelques arbres squelettiques ont perdu leurs feuilles et tout ici est biscornu, quand ce n’est pas carrément en ruine, figé au bord d’un étang gelé à certains endroits, ce qui nous vaut plusieurs scènes de patinage. Les quelques maisons sont inondées par des eaux desquelles sortent pêle‑mêle des morts‑vivants, des carcasses d’animaux, une carriole brinquebalante, un cercle de flammes ou encore un immense dragon qui crache du feu. Des cascadeurs s’en donnent à cœur joie pour effectuer d’impressionnants plongeons et on a même droit à un ballet nautique. Les chanteurs doivent, eux aussi, souvent patauger dans l’eau, jusqu’aux genoux. Bref, un spectacle au cours duquel on ne s’ennuie pas une seule seconde, digne d’Hollywood.



(© Bregenzer Festspiele/Daniel Ammann)


Musicalement, c’est une autre paire de manches. A Bregenz, les représentations sur la scène lacustre sont traditionnellement formatées pour ne jamais durer plus de 120 minutes, histoire de permettre aux spectateurs de rentrer chez eux à une heure encore raisonnable, d’où, le plus souvent, de nombreuses coupures pour respecter cette durée. En outre, vu la distance entre la scène et le public, les chanteurs sont sonorisés et l’orchestre, amplifié lui aussi, joue dans une salle située derrière l’auditoire, ce qui garantit que le spectacle peut avoir lieu par pratiquement n’importe quel temps. Pour le Freischütz qui plus est, le metteur en scène, Philippe Stölzl, a supprimé tous les dialogues originaux ou presque pour les remplacer par des textes qui dénaturent l’ouvrage à plusieurs reprises, des textes récités par un Samiel devenu ici diable en costume rouge, qui tire toutes les ficelles de la soirée, virevoltant continuellement d’un endroit à l’autre de l’immense plateau, quand il n’est pas suspendu à la branche d’un arbre ou qu’il ne trône pas au sommet d’un clocher (superbe prestation du comédien Moritz von Treuenfels). Les incongruités ne manquent pas, à commencer par le fait qu’Agathe est enceinte et qu’elle n’est pas insensible aux charmes d’Annchen, quand bien même elle aime Max. Pour tous ceux qui n’ont pas été rebutés par toutes ces irrévérences (les puristes ne viennent pas à Bregenz), le spectacle restera inoubliable.


La trentaine de soirées programmées a exigé une double, voire, pour certains rôles, une triple distribution. Globalement, le niveau vocal est de très bonne qualité. La dernière représentation a permis d’admirer un Max (Thomas Blondelle) particulièrement vaillant, aux aigus rayonnants, une Agathe (Anne‑Fleur Werner) émouvante, à la voix lumineuse, et un Kaspar (David Steffens) au timbre noir et puissant. A la tête de l’Orchestre symphonique de Vienne, Patrik Ringborg a insufflé énergie et dynamisme, offrant une lecture des plus contrastées et romantiques. Pour 2026, Bregenz a d’ores et déjà annoncé La Traviata sur le lac, dans une mise en scène de Damiano Michieletto, ainsi que Les Voyages de M. Broucek, un opéra rarement joué de Janácek, en intérieur.


Le site du Festival de Bregenz



Claudio Poloni

 

 

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