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Envers et contre tout Hautes-Alpes
Tallard (Château)
08/12/2025 -
Wolfgang Amadeus Mozart : Symphonie n° 25, K. 173dB [183]
Robert Schumann : Concerto pour piano, opus 54
Fanny Azzuro (piano)
Orchestre Opus, Mikhail Suhaka (direction)
Culminant à 1 760 mètres au Duffre, les Baronnies forment un massif préalpin de près de 2 000 kilomètres carrés à cheval sur la partie occidentale des Hautes‑Alpes et le sud‑est de la Drôme. Leur nom provient des barons de Mévouillon et de Montauban-sur-l’Ouvèze, dont les seigneuries furent rattachées au Dauphiné au XIVe siècle. En 2015, la création d’un parc régional des « Baronnies provençales » – alors que l’histoire de cette région renvoie, on l’a vu, au Dauphiné et non à la Provence – est venue consacrer les richesses faunistiques et floristiques de ce territoire qui offre au visiteur de magnifiques paysages et randonnées.
Sur le versant haut-alpin, Gérard et Liliane Azzuro y ont fondé un festival dont leur fille, la pianiste Fanny Azzuro (née en 1986), assure la direction artistique. Pour sa vingt‑et‑unième édition, du 12 au 15 août, la manifestation reste fidèle à son ADN, « faire dialoguer l’art, la nature et le patrimoine », en programmant cinq concerts dans trois lieux remarquables.
(© Valentine Franssen)
En attendant de se poser au château de Montmaur puis en l’église de Lagrand, le festival tient sa soirée inaugurale à Tallard, à une dizaine de kilomètres au sud de Gap, dans la cour du château, propriété de la commune depuis 1957. Au pied d’imposantes ruines, la scène a été dressée, opportunément placée devant un muret de nature à réfléchir le son. Le programme est intitulé « Mozart et Schumann sous les étoiles », mais la météo en ayant décidé autrement, ce seront les nuages avant les étoiles : après plusieurs journées de fortes chaleurs, l’orage est heureusement venu rafraîchir l’atmosphère mais malheureusement perturber le déroulement du concert, qui devait commencer à 20 heures 30. Or ce n’est qu’après 21 heures que retentissent les premières notes de la Vingt‑cinquième Symphonie (1773) de Mozart.
Envers et contre tout, les musiciens se sont réfugiés dans une petite salle donnant sur la cour et jouent pour un public de spectateurs debout, auxquels s’ajoutent ceux qui tentent d’en profiter par la porte ouverte d’une salle attenante encore plus exiguë. Pour ce qui est de l’interprétation, il suffira de dire que l’Orchestre Opus (« l’orchestre des Alpes du Sud »), « composé de musiciens amateurs, de grands élèves des conservatoires et écoles de musique encadrés par des musiciens professionnels des départements alpins » (Alpes de Haute‑Provence et Hautes‑Alpes) et mené par l’un de ses trois directeurs musicaux, Mikhail Suhaka, aura fait preuve, dans ces circonstances pour le moins particulières, d’un enthousiasme inversement professionnel à la précision et à la justesse, jusqu’aux limites de la pénibilité pour l’oreille.
La pluie s’étant arrêtée, les choses reprennent un cours plus normal, le temps de retirer la bâche qui recouvrait le Yamaha, de remonter sa tonnelle protectrice, tout en arrimant celle‑ci aux pieds de l’instrument afin de résister à des rafales de vent aussi fortes que persistantes, et d’installer les pupitres, le tout dans un esprit bon enfant, sous les applaudissements du public, également séduit par les effets de lumières colorées éclairant les ruines.
Envers et contre tout, la seconde partie de ce très court programme peut donc alors commencer. Dans le Concerto pour piano (1845) de Schumann, Fanny Azzuro, qui doit s’efforcer de suivre l’orchestre alors que d’ordinaire, c’est plutôt l’accompagnement qui s’adapte au soliste, fait face à des conditions difficiles, combattant à la fois les éléments et la partition. L’apaisement vient enfin avec le bis, « Gens et pays étrangers », première des Scènes d’enfants (1838). Au moins, après ces débuts épiques, la suite du festival se déroulera‑t‑elle à couvert.
Le site du festival Musique au cœur des Baronnies
Le site de Fanny Azzuro
Le site de l’Orchestre Opus
Simon Corley
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