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Iddo Bar-Shai sublime Couperin en Crète

Athinai
Chania (Venizeleio Conservatory)
07/23/2025 -  
François Couperin : Pièces de clavecin : Quatrième Livre, Vingt‑cinquième Ordre : 6. « Les Ombres errantes » & 2. « La Mystérieuse » – Troisième Livre, Dix‑huitième Ordre : 3. « Sœur Monique » – Deuxième Livre, Sixième Ordre : 1. « Les Moissonneurs » – Troisième Livre, Quatorzième Ordre : 1. « Le Rossignol en amour » – Quatrième Livre, Vingtième Ordre : 8. « Les Tambourins » – Troisième Livre, Treizième Ordre : 5. « L’Ame en peine » & 2. « Les Rozeaux » – Premier Livre, Cinquième Ordre : 8. « La Bandoline » – Troisième Livre, Quinzième Ordre : 2. « Le Dodo, ou l’Amour Au Berceau » – Troisième Livre, Dix‑huitième Ordre : 6. « Le Tic‑Toc‑Choc, ou Les Maillotins » – Troisième Livre, Quatorzième Ordre : 4. « Les Fauvettes plaintives » – Quatrième Livre, Vingt‑et‑unième Ordre : 3. « La Couperin » – Deuxième Livre, Sixième Ordre : 5. « Les Baricades mystérieuses »
Iddo Bar-Shai (piano)




Dans la petite salle du Conservatoire de La Canée, en Crète, le pianiste Iddo Bar‑Shai a offert un récital d’une rare intensité, entièrement consacré à François Couperin. Dans le cadre du Festival Festum π, cette soirée a atteint un sommet d’intériorité et de sensibilité, confirmant la place singulière qu’occupe le pianiste israélien parmi les interprètes de la nouvelle génération. Dès les premières notes des Ombres errantes, le ton était donné : un jeu d’une sobriété exemplaire, presque ascétique, mais porté par une tension intérieure qui ne s’est jamais relâchée. Avec aussi une profondeur d’émotion saisissante, entre recueillement et vertige. La suite du récital était à l’avenant : à des années‑lumière de toute démonstration technique, Iddo Bar‑Shai a sculpté chaque note avec une attention au souffle, au silence et au poids du son. Sa lecture de Couperin, limpide et poétique, a trouvé une résonance intime avec l’univers du compositeur, à la fois baroque et visionnaire. Certes, ses ornementations raffinées et autres rubati peuvent choquer les puristes, comme le fait d’interpréter sur un clavier moderne des pièces pour clavecin, mais le résultat est tout simplement saisissant, d’une grande beauté.



I. Bar-Shai (© Festum π)


Le récital d’Iddo Bar-Shai faisait écho à son disque 100 % Couperin paru en 2013 et unanimement salué par la critique, laquelle, à sa sortie, n’avait pas tari d’éloges, évoquant « un Couperin intérieur et lumineux, loin de toute afféterie », « un travail de ciselure, qui révèle sous chaque ornement un monde en suspens » ou encore « l’un des enregistrements les plus touchants consacré à Couperin depuis deux décennies ». La soirée s’est terminée par deux bis de Chopin, Iddo Bar‑Shai considérant que le compositeur polonais a été le Couperin du XIXe siècle. Des applaudissements particulièrement nourris ont marqué la fin de ce récital enthousiasmant, qui restera assurément comme l’un des moments forts de l’édition 2025 de Festum π.


Festum π est un festival gréco‑français interdisciplinaire, combinant colloques scientifiques, concerts classiques et échanges culturels à La Canée (Chania), dans l’ouest de la Crète. Le programme est à la fois original et ambitieux, avec des événements accessibles à tous et gratuits. Festum π se veut un carrefour entre musique, culture scientifique et mathématiques, en s’inscrivant dans la tradition pythagoricienne, où ces domaines sont intrinsèquement liés. D’ailleurs, les deux premières éditions ont eu lieu à Samos, l’île sur laquelle est né Pythagore. La troisième et la quatrième – cette année – se sont déroulées en Crète. Le festival a été créé par le chef d’orchestre grec Dionysios Dervis‑Bournias, en collaboration avec le mathématicien français Cédric Villani. Sa fondation s’inscrit dans le droit fil de la trajectoire personnelle du musicien, qui, lorsqu’il était enfant, avait de la peine à retenir ce qu’il lisait. Jusqu’à ce qu’une orthophoniste avisée lui demande de battre en rythme ses paroles. Ensemble, la science et la musique ont changé la vie de Dionysios Dervis‑Bournias et font aujourd’hui vibrer la Crète.


Le site de Festum π



Claudio Poloni

 

 

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