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Après Paris, Montpellier

Montpellier
Le Corum (Opéra Berlioz)
07/17/2025 -  et 16 juillet 2025 (Paris)
Serge Rachmaninov : Concerto pour piano n° 3, opus 30
Richard Strauss : Ein Heldenleben, opus 40

Daniil Trifonov (piano)
Philharmonique de Radio France, Daniel Harding (direction)


D. Harding (© Julian Hargreaves)


Sous la direction de Michel Orier depuis 2023, le Festival de Radio France Occitanie Montpellier présente un visage différent. La programmation demeure de grande qualité, les concerts du soir au Corum en constituent toujours la colonne vertébrale, mais le choix des œuvres paraît moins aventureux. Le souvenir de soirées montpelliéraines durant lesquelles nous découvrîmes de véritables raretés, qui justifiaient le déplacement, même de loin, et contribuaient à sa réputation, reste bien présent, non sans nostalgie. Mais l’offre, notamment tous ces concerts gratuits, nombreux, pas moins de trente, dans toute la métropole, impressionne encore par sa richesse et sa pluridisciplinarité, aux croisements de la pensée, des arts et des lettres, avec des synergies, en particulier avec le Musée Fabre, dans le cadre de l’exposition, jusqu’au début du mois de janvier, consacrée à Pierre Soulages. Et il y en a pour tous les goûts, les amateurs de jazz, et même de musique électronique, y trouvant probablement leur compte. C’est que le festival cherche à atteindre un public large, tout en contribuant à développer le parcours de jeunes talents, les concerts de 12 heures 30 à la salle Pasteur étant devenus payants, au tarif, modique, de 7 à 9 euros. Nous ne voulions donc par manquer cette quarantième édition, du 6 au 19 juillet.


L’Orchestre philharmonique de Radio France revient, ce jeudi, à Montpellier, six jours après sa précédente apparition, cette fois sous la direction de Daniel Harding, avec un programme donné la veille dans la capitale. Au préalable, le directeur du festival prend la parole, à côté d’Arnaud Merlin, qui présente la soirée aux auditeurs de France Musique ainsi que des radios néerlandaise et italienne, qui écoutent en direct, pour rendre un hommage de circonstance aux fondateurs, René Koering, Jean‑Noël Jeanneney, présents dans la salle, et Georges Frêche, décédé il y a quinze ans.


Le Troisième Concerto (1909) de Rachmaninov occupe toute la première partie. Daniil Trifonov s’y montre infaillible, impressionnant de maîtrise et de concentration, rien ne semblant venir perturber une conception solide, bien qu’un peu froide. L’interprétation, particulièrement détaillée, dépourvue d’alanguissement ou autre ralentissement, fort bien tenue, voire retenue, en somme, ne manque ni de souffle, ni de noblesse, mais plutôt d’un soupçon d’âme et d’émotion. Le pianiste semble plongé dans son univers, comme s’il tenait à pénétrer cette œuvre profuse ses recoins, soucieux de jouer avec le plus de netteté possible toutes les notes. Son jeu impérial permet de se rendre vraiment compte de la richesse et de l’exigence de l’écriture pianistique, dans une conception prévisible, mais cohérente, dans des tempi assez serrés. Nous nous demandons toutefois ce que cet interprète aurait accompli dans le Quatrième Concerto, plus original, moins aisé à cerner et probablement aussi à unifier. Daniil Trifonov, qui reçoit un accueil triomphal, joue, excellemment, le même bis que le soir précédent, un arrangement d’un extrait de La Belle au bois dormant. Quant à l’orchestre, il se montrera meilleur dans la seconde partie, les musiciens déployant cependant de belles sonorités. Au début du premier mouvement, quelques étonnantes imprécisions dans la mise en place entachent, bien que faiblement, une prestation, dans l’ensemble, de fort belle tenue, la conception du chef se rapprochant manifestement de celle de ce pianiste épatant.


Une vie de héros (1898) de Strauss affiche tout autant, voire plus, d’expressivité que ce concerto, et l’orchestre excelle sur ce point. Daniel Harding en livre une interprétation puissante et juste, approfondie, plus nette et précise que dans l’accompagnement du soliste, avant la pause, sans baisse de tension, émouvante, même, parfois. Et le chef, chaleureusement applaudi, lors des saluts, aussi bien par les musiciens que par le public, évite de surligner les passages les plus délirants, une nécessité dans cette œuvre qui risque autrement de paraître lourde et arrogante. Les musiciens se couvrent de gloire, le premier violon Nathan Mierdl, bien sûr, merveilleux, mais aussi les bois et plus encore les cuivres, admirables. Les sonorités, particulièrement évocatrices séduisent presque tout le temps. L’acoustique de l’Opéra Berlioz, bien qu’elle ne soit en rien extraordinaire, procure un confort d’écoute fort satisfaisant, à la différence, semble‑t‑il, de celle de l’auditorium de la Maison de la radio et de la musique, à en juger par le compte rendu publié par ailleurs sur notre site.


Le site du Philharmonique de Radio France



Sébastien Foucart

 

 

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