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Remarquable fin de saison

Gent
Opera Vlaanderen
06/21/2025 -  et 1er, 3, 7, 10, 12 (Antwerpen), 24, 27, 29* juin (Gent) 2025
Alban Berg : Wozzeck, opus 7
Robin Adams (Wozzeck), Magdalena Anna Hofmann (Marie), James Kryshak (Hautpmann), Martin Winkler (Doktor), Samuel Sakker (Tambourmajor), Hugo Kampschreur (Andres), Lotte Verstaen (Margret), Reuben Mbonambi, Tobias Lusser (Handwerksburschen), Jóhann Freyr Odinsson (Der Narr)
Koor Opera Ballet Vlaanderen, Jan Schweiger (chef de chœurs), Kinderkoor Opera Ballet Vlaanderen, Hendrik Derolez (chef de chœur), Symfonisch Orkest Opera Ballet Vlaanderen, Alejo Pérez (direction musicale)
Johan Simons (mise en scène), Sammy Van den Heuvel (scénographie), Greta Goiris, Flóra Kruppa (costumes), Friedrich Rom (lumières)


(© Annemie Augustijns)


La saison avait commencé avec une belle Madame Butterfly. Elle se termine avec un remarquable Wozzeck. Le choix est justifié : la création de cet opéra remonte à il y a tout juste un siècle. Et il s’agit d’une double réussite, dramaturgique et musicale.


Johan Simons signe une mise en scène intense, captivante et d’une grande cohérence, théâtrale mais aussi visuelle. Elle paraît également plus lisible que celle de Don Carlos, en 2019, bien que le metteur en scène laisse une marge pour l’interprétation personnelle du spectateur, en particulier à la fin, apaisée mais aussi inquiétante. De prime abord, la scénographie, abstraite et dépouillée, étonne, dominée par la couleur blanche, un ton que nous n’associons pas à cette œuvre, au contraire du gris ou du noir. Les costumes, en particulier celui des enfants, plus que de simples figurants, portant néanmoins des teintes vives et bigarrées. C’est que le blanc est une couleur qui évoque l’hôpital. Mais si l’action semble se dérouler dans une institution psychiatrique, rien ne le montre – aucune infirmier, aucun accessoire.


Voilà où résident la force et l’intelligence de cette mise en scène : suggérer un cadre sans l’expliciter, extraire l’essence du drame, le rendre puissant et convaincant, dans une conception réfléchie et honnête du chef‑d’œuvre de Berg. Et Johan Simons, qui a par ailleurs mis en scène à plusieurs reprises la pièce de Büchner, traduit toute la dimension expressive de cet opéra, en restant précis et mesuré. Sa direction d’acteur, exceptionnelle de justesse, suscite la plus grande admiration. Et chacun, sur scène, s’y soumet avec talent et conviction, même les enfants, spectateurs d’une folie qui, peut‑être, les atteindra plus tard. L’innocence ne constitue‑t‑elle pas la clé de cette mise en scène ? Ces jeunes garçons, ces jeunes filles, n’indiquent‑ils pas, par leur pureté et leur silence, l’irresponsabilité de ces adultes ayant perdu leur raison et leur naïveté ?


L’Opéra des Flandres a réuni une de ces distributions dont il garde le secret. Il parvient pour presque chaque production, à mettre la main sur des interprètes engagés, et qui concilient, pour la plupart, les exigences théâtrales et musicales, et ce, sans recourir à d’illustres chanteurs. Robin Adams livre dans le rôle‑titre une saisissante performance, le baryton disposant des ressources vocales, plus encore expressives et théâtrales, pour tracer les contours de la personnalité torturée du soldat. Tout aussi convaincante, sa Marie de Magdalena Anna Hofmann, un personnage plus droit et sain que les autres, se démarque de même par sa présence et sa voix.


James Kryshak excelle en Capitaine, mais le Docteur sensationnel de Martin Winkler retient davantage l’attention : ce chanteur à la tessiture idéale pour ce rôle affiche de formidables compétences dramatiques, ce dont nous nous sommes rendu compte à la Monnaie, dans le rôle du baron Ochs. Les autres chanteurs tiennent avec conviction leur partie, même les plus petits incarnés par des jeunes chanteurs attachés à l’Ensemble des jeunes de l’Opéra des Flandres.


Aucun maillon faible, donc. Et aucune faiblesse non plus dans la fosse : sous la direction excellente d’Alejo Pérez, l’orchestre, duquel se détache de superbes interventions solistes, délivre une exécution dramatique et évocatrice, claire et précise, et toujours captivante, de cette musique exceptionnelle.


Un des meilleurs spectacles d’opéra de la saison, en Belgique.



Sébastien Foucart

 

 

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