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Soigné et sage

Liège
Opéra royal de Wallonie
06/20/2025 -  et 22*, 24, 26, 28 juin 2025
Wolfgang Amadeus Mozart : Le nozze di Figaro, K. 492
Mario Cassi (Il Conte di Almaviva), Irina Lungu (La Contessa di Almaviva), Enkeleda Kamani (Susanna), Biagio Pizzuti (Figaro), Chiara Tirotta (Cherubino), Aurore Daubrun (Marcellina), Francesco Leone (Bartolo, Antonio), Lorenzo Martelli (Don Curzio, Basilio), Gwendoline Blondeel (Barbarina), Jessica Harper (Prima Contadina), Emma Watkinson (Seconda Contadina)
Chœur de l’Opéra royal de Wallonie, Denis Segond (chef de chœur), Orchestre de l’Opéra royal de Wallonie, Leonardo Sini (direction musicale)
Jean-Romain Vesperini (mise en scène), Bruno de Lavenère (décors), Fernand Ruiz (costumes), Christophe Chaupin (lumières)


(© Jonathan Berger/Opéra royal de Wallonie)


A l’Opéra royal de Wallonie, la saison se termine sans originalité avec Les Noces de Figaro (1786). Un incontournable, évidemment, mais la précédente série de représentations de cet opéra date de 2018 seulement. Et nous sommes même tentés de réutiliser le même titre que celui de notre compte rendu de l’époque, car il s’applique aussi à cette nouvelle production, surtout le second adjectif.


Jean-Romain Vesperini transpose la folle journée au milieu de la seconde moitié du vingtième siècle, mais la situer dans une époque exacte n’a guère d’importance. L’intérêt de cette mise en scène lisible et respectueuse réside avant tout dans la qualité de la direction d’acteur. Tout cela bouge et s’anime, non sans humour. Mais il manque toujours un petit quelque chose, l’état de grâce, le souffle, l’exceptionnalité, probablement davantage de sensualité et de satire, aussi. Le personnage de Chérubin attire notre attention, sans que sa conception figure dans les intentions du metteur en scène. L’interprète affiche une généreuse féminité : il pourrait s’agir, à son sujet, d’amour lesbien, ce qui apporte, peut‑être involontairement, une touche de modernité.


Le décor, vraiment beau, recourt au principe du plateau tournant, pour montrer alternativement différents intérieurs aristocratiques, et créer de remarquables effets dynamiques. Mais dans ce dispositif, le spectacle a du mal à respirer, à s’ouvrir à d’intéressantes et originales perspectives. Mais les lumières séduisent, et certains ensembles convainquent par la justesse de leur caractérisation et même par leur beauté formelle. Etrangement, tout à la fin du deuxième acte, à moins d’avoir eu la berlue, Bartolo sort un revolver, peut‑être le même que celui avec lequel Don Pasquale s’est suicidé en mai.


La distribution répond à peu près aux attentes, les prestations les plus mémorables n’étant toutefois pas celles auxquelles nous nous attendions. Mario Cassi interprète, comme en 2018, le rôle du Comte Almaviva. Bon chanteur, bon comédien, le baryton ne délivre pas une grande leçon de style, mais il incarne ce personnage avec ce qu’il faut d’élégance et d’autorité, de ridicule et de fatuité. Irina Lungu ne possède assurément pas la voix du siècle, ni même de la décennie, mais la soprano dévoile de solides moyens, le timbre restant une affaire de goût. Sa Comtesse dégage de la classe, à défaut d’émouvoir, en raison d’un chant parfois un peu trop dur, sans toutes les finesses, les subtilités et les demi‑teintes qui distinguent les interprètes exceptionnelles.


Nous succombons bien davantage à la voix – et pas que – d’Enkeleda Kamani. La soprano incarne une Susanna vraiment plaisante, une interprétation réussie, grâce à l’adéquation entre le rôle, les moyens et le tempérament. Quant à Biagio Pizzuti, il se montre remarquable à tous points de vue en Figaro. Chiara Tirotta prête sa voix et sa générosité en Cherubino, la mezzo‑soprano agrippant l’œil autant que l’oreille. Gwendoline Blondeel excelle aussi en Barbarina, un rôle impeccablement tenu mais trop court, s’agissant d’une des interprètes les plus intéressantes, sinon la plus intéressante, de la distribution. Les autres rôles sont bien tenus, en particulier les Don Curzio et Basilio assez drôles de Lorenzo Martelli.


Dans la fosse, enfin, Leonardo Sini dirige un orchestre de bonne tenue. Le chef livre une exécution énergique et fluide, parfois routinière, trop raide et puissante, par moments, pas toujours légère et raffinée, en somme. Mais il maintient l’impulsion, veille à la nuance, ainsi qu’à la clarté. N’oublions pas de saluer les choristes qui auront bien des choses à accomplir dans Faust, du 12 au 20 septembre.



Sébastien Foucart

 

 

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