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Quand l’oratorio se fait opéra

Zurich
Opernhaus
06/09/2025 -  et 13, 17*, 19, 21, 24, 26, 29 juin, 2, 6 juillet 2025
Felix Mendelssohn Bartholdy : Elias, opus 70
Christian Gerhaher*/Felix Gygli (Elias), Julia Kleiter (Die Witwe, Sopran), Wiebke Lehmkuhl (Der Engel, Alt), Mauro Peter (Obadjah, Tenor), Felix Gygli*/ Steffan Lloyd Owen (Bass), Raul Gutierrez (Ahab, Tenor 2), Sylwia Salamonska (Der Knabe), Indyana Schneider (Die Königin, Alt 2), Flavia Stricker (Sopran 2), Max Bell (Bass 2)
Chor der Oper Zürich, Zusatzchor der Oper Zürich, Ernst Raffelsberger (préparation), Philharmonia Zürich, Gianandrea Noseda (direction musicale)
Andreas Homoki (mise en scène), Hartmut Meyer (décors), Mechthild Seipel (costumes), Franck Evin (lumières), Claus Spahn (dramaturgie)


(© Monika Rittershaus)


Pour sa toute dernière production à l’Opernhaus de Zurich, Andreas Homoki a surpris, en optant non pas pour un opéra, mais pour l’oratorio Elias de Mendelssohn. Un choix en fin de compte pas si curieux que ça, car l’œuvre présente un fort caractère dramatique, se prêtant bien à une expérience théâtrale. Quoi qu’il en soit, l’intendant zurichois explique son geste par le fait qu’il voulait montrer que sa conception de la mise en scène peut s’appliquer non seulement aux ouvrages lyriques mais également à d’autres œuvres musicales et qu’il souhaitait travailler une dernière fois avec Christian Gerhaher, qu’il a eu l’occasion de diriger à plusieurs reprises à Zurich. Et surtout, il a voulu rendre hommage au Chœur de l’Opernhaus. Les choristes occupent une place centrale dans Elias et ceux de Zurich ont livré une prestation tout simplement exceptionnelle, confondants de présence, d’engagement, d’équilibre et de nuances, chaque mesure semblant sculptée par une intelligence collective rare. Dans la fosse, Gianandrea Noseda, directeur musical de l’Opernhaus, a offert une lecture ample et majestueuse de la partition de Mendelssohn, alliée à une énergie dramatique saisissante, avec des contrastes ciselés et une tension théâtrale toujours présente.


Le plateau vocal est illuminé par le splendide Elias de Christian Gerhaher, qui connaît bien le rôle pour l’avoir souvent chanté en concert. Le baryton allemand incarne un prophète à la fois zélé et fanatique, mais aussi doutant et fragile. Il impressionne tout d’abord par sa forte présence scénique et son engagement total dans son personnage, mais aussi par son lyrisme puissant, sa projection insolente, sa voix bien conduite et parfaitement homogène ainsi que par sa diction remarquable. Parmi les personnages secondaires, on mentionnera notamment le roi Obadjah du ténor Mauro Peter, qui se distingue par son chant sobre et d’une douceur infinie, par l’Ange de Wiebke Lehmkuhl, qui séduit par sa voix grave et chaude, ainsi que par la Veuve à la voix lumineuse de Julia Kleiter.


La mise en scène d’Andreas Homoki se caractérise par sa sobriété et son symbolisme, mettant en lumière le potentiel opératique de l’ouvrage. Un large plateau tournant déroule les scènes avec fluidité, renforçant l’unité visuelle et l’impact dramaturgique. Durant son mandat de 13 ans, le directeur de l’Opernhaus aura fait de Zurich une plate-forme internationale de la mise scène moderne et audacieuse, invitant des artistes encore jamais venus ici, parmi lesquels Barrie Kosky, Calixto Bieito, Tatjana Gürbaca, Kirill Serebrennikov, Dmitri Tcherniakov ou encore Adele Thomas. Chaque saison, il a lui-même monté deux nouvelles productions, avec plus ou moins de succès. La réalisation la plus emblématique de ces treize dernières années à Zurich est sans conteste le Ring, qu’il a conçu comme un grand livre d’images, dans une mise en scène simple et littérale, sous la baguette quasi chambriste de Gianandrea Noseda. Dès septembre, les rênes de l’Opernhaus seront tenues par Matthias Schulz, qui arrivera tout droit de Berlin, où il a été durant plusieurs années co-intendant puis intendant de la Staatsoper unter den Linden, années pendant lesquelles il a dû notamment arbitrer le conflit entre Daniel Barenboim et les forces de la vénérable maison, qui accusaient le maestro de faire régner un climat de terreur. Pour sa première saison zurichoise, Matthias Schulz fera venir à l’Opernhaus les plus grandes stars du chant lyrique.



Claudio Poloni

 

 

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