Back
Musiques du Tyrol et de Finlande München Herkulessaal 06/05/2025 - et 6 juin 2025 Thomas Larcher : returning into darkness
Jean Sibelius : Oinen ratsastus ja auringonnousu, opus 55 – Symphonie n° 5, opus 82 Alisa Weilerstein (violoncelle)
Symphonieorchester des Bayerischen Rundfunks, Alan Gilbert (direction)  A. Weilerstein, A. Gilbert (© Bayerische Rundfunk/Severin Vogl)
Larcher et Sibelius : voici le type même de programmation originale, mêlant création contemporaine et œuvres plus traditionnelles, que le public new‑yorkais a connue lorsqu’Alan Gilbert était directeur musical du Philharmonique de 2009 à 2017.
Joué pour la première fois en Europe et en présence du compositeur, returning into darkness démarre par de longs glissandos du violoncelle explorant toute sa tessiture, en particulier le registre aigu. Les cordes rejoignent la soliste dans de longs trémolos avant que ne se développent des passages plus variés et plus mélodiques, jusqu’à ce que reviennent les passages du début et que la musique disparaisse dans le néant.
Cette œuvre recèle, notamment dans sa partie centrale, de beaux effets d’orchestration avec un soin particulier apporté aux dialogues entre soliste et plusieurs groupes de percussions. Alisa Weilerstein joue cette œuvre avec beaucoup d’autorité. Le son est ample et elle interprète cette création avec une attention à la ligne musicale comparable à ce qu’elle donne dans un extrait d’une suite de Bach proposé en bis.
Au pupitre, Alan Gilbert s’avère très précis. Les différents équilibres entre percussions et soliste permettent de maintenir la continuité du discours musical. Comme la soliste, le chef maîtrise l’œuvre et reste très présent avec ses musiciens.
Ce sont des qualités similaires que l’on retrouve dans les œuvres de Sibelius. Il y a quelques années dans cette même salle, l’Orchestre de la Radio bavaroise, sous la baguette de Hannu Lintu, avait joué la Deuxième Symphonie avec des couleurs plutôt caractéristiques de la musique allemande. Ce n’est pas le cas ici. Sous la baguette d’Alan Gilbert, les cordes sont un peu plus mates, plus finlandaises, évitant toute brillance straussienne. Le niveau orchestral est comme toujours très élevé et l’introduction au cor de Carsten Duffin dans la Cinquième Symphonie est somptueuse.
Alan Gilbert adopte des tempi personnels mais très convaincants. La Chevauchée nocturne et lever de soleil n’est pas bousculée et l’on se surprend du caractère serein qui se dégage de ces tempi modérés. Par opposition, il y a beaucoup de liberté et de fantaisie dans les phrasés assez animés de la sublime Cinquième Symphonie. La coda du premier mouvement est amenée avec une superbe énergie. Rien n’est forcé dans l’Andante mosso, quasi allegretto central tandis que l’Allegro molto final est magistralement construit.
Dans toutes ces pièces, Alan Gilbert s’avère présent, indiquant avec précision les entrées et communiquant constamment avec ses musiciens. La saison prochaine permettra à l’orchestre de continuer à approfondir les Symphonies de Sibelius. Osmo Vänskä dirigera la Première Symphonie et Santtu‑Matias Rouvali la Troisième, mais d’ores et déjà, la prestation de cette soirée est d’un très haut niveau.
Antoine Lévy-Leboyer
|