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Richesses orchestrales

Berlin
Philharmonie
05/30/2025 -  et 31 mai 2025, 1er juin 2025
Wolfgang Rihm : Transitus III
Richard Strauss : Eine Alpensinfonie, opus 64

Berliner Philharmoniker, Klaus Mäkelä (direction)


K. Mäkelä (© Marco Borggreve)


Le programme proposé ce soir était nettement déséquilibré : d’un côté Transitus III (2019) du compositeur allemand récemment disparu, Wolfgang Rihm (1952‑2024), une œuvre d’une vingtaine de minutes mais occupant l’intégralité de la première partie du concert, et de l’autre, en seconde partie, La Symphonie alpestre (1915) de Richard Strauss (1864‑1949) d’une tout autre ampleur puisque de cinquante minutes. Mais la filiation était assurée par une instrumentation assez proche finalement et le recours à des masses orchestrales assez considérables, Rihm s’inscrivant explicitement, après Transitus (créé pour les cent cinquante ans de la naissance de Richard Strauss) et Transitus II, dans l’héritage straussien.


Chez Rihm, le début avec ses cuivres en sourdine paraît s’inspirer de Webern mais, rapidement, c’est effectivement un orchestre « straussien », somptueux avec trois percussionnistes, trois trombones, trois trompettes, huit contrebasses et quatre cors, qui est convoqué. Rihm aime les gros effectifs. Sa Troisième Symphonie en témoigne aussi. Sa science orchestrale nous fait en tout cas passer ici de phases lyriques à des éclats cataclysmiques tout en maintenant une sorte de continuum, une certaine fluidité. On ne retrouve une sécheresse que sur la fin, brutale. L’œuvre est à la fois complexe et brillante. Klaus Mäkelä dirige d’un geste ample cette horlogerie de haute précision et tous les pupitres impressionnent par leur maîtrise. Rien n’est noyé malgré la masse sonore. On ne sait pas très bien où on est et où on va – on est en transit – mais on jouit de l’instant.


Le concert se poursuit assez logiquement, après la pause, par une œuvre bien souvent à l’affiche d’un compositeur qui a donc souvent inspiré Rihm, Richard Strauss : Une symphonie alpestre. Les effectifs étaient déjà impressionnants chez Rihm mais on va les renforcer sur le plateau. Il y avait un tuba. On va en mettre deux. Il y avait quatre cors. Ils vont passer à huit, dont quatre viendront des coulisses après leur prestation imitant le lointain. Il y avait une harpe. On la double... Il pourrait y avoir douze cors mais c’est bien comme ça. Et puis il y a de toute façon un orgue, un éoliphone et des cloches de vache s’il faut renforcer le tout à l’occasion. Pourtant, on ne saisit toujours pas l’intérêt de ce poème symphonique, phonurgique, tape‑à‑l’oreille, boursoufflé et caoutchouteux sensé illustrer une journée dans les montagnes bavaroises, du lever du soleil à son coucher, perturbé en son milieu par un orage impressionnant, à faire trembler les murs de la Philharmonie. C’est ronflant à souhait mais assez kitsch. Ce soir, les plans sonores sont clairs sous la direction du chef finlandais. Il ne se perd pas dans ces montagnes et fait attention à ne pas lâcher les cordes en chemin. C’est du beau travail de direction mais on ne sent pas la journée s’écouler avec naturel et aucune émotion ne transparaît. Les effets grossiers se suivent et finissent pas lasser.


Néanmoins, le public est ravi, les rappels ne manquent pas et le chef, très chaudement applaudi, comme les pupitres de cuivres et de percussions, ne quitte la scène qu’avec les derniers musiciens.



Stéphane Guy

 

 

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