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Une symphonie qui embrasse le monde

Bruxelles
Bozar, Salle Henry Le Bœuf
05/04/2025 -  
Gustav Mahler : Symphonie n° 3
Nora Gubisch (alto)
Académie des chœurs, Chœur d’enfants et Chœur de femmes de la Monnaie, Emmanuel Trenque (chef des chœurs), Orchestre symphonique de la Monnaie, Alain Altinoglu (direction)


A. Altinoglu (© Dirk Leemans)


Avant-dernière étape du cycle des symphonies de Mahler par le Bozar, l’Orchestre national de Belgique et la Monnaie. Après la Huitième, début mars, un concert assez exceptionnel, Alain Altinoglu dirige de nouveau l’Orchestre symphonique de la Monnaie, cette fois dans la plus longue, la Troisième. Sans surprise, la prestation est à l’image de la précédente, fruit d’un considérable travail de préparation et d’approfondissement. Et les interprètes n’ont sans doute pas manqué de temps, du moins nous le supposons : pour les représentations d’I Grotteschi, qui vient de s’achever, l’orchestre a été remplacé par un ensemble spécialisé.


Grâce à ses intentions claires ainsi qu’à son sens de la forme et des détails, comme il l’a su le montrer à de nombreuses reprises, au concert comme à l’opéra, Alain Altinoglu traduit admirablement la dimension particulière de cette symphonie, universelle, voire cosmique, en variant avec subtilité la palette expressive de cette œuvre monumentale. Il livre ainsi une exécution aboutie, malgré l’une ou l’autre petite imprécision sans conséquence. C’est que le directeur musical peut compter sur l’engagement et la maîtrise de son orchestre. Les musiciens développent de belles et profondes sonorités, particulièrement évocatrices, dans une interprétation qui se distingue par bien des aspects : par son équilibre, sa justesse, sa plénitude, mais aussi par sa sincérité, et même par son humilité.


Le chef met en exergue, avec fluidité et naturel, le raffinement et l’originalité de cette composition. Il privilégie, en outre, la transparence, sans négliger la stabilité des fondations, évitant toute impression de compacité et d’écrasement, bien que les climax impressionnent par leur force. La gestion des tempi ne suscite quasiment aucun reproche, bien au contraire, ainsi que celle des contrastes de dynamique. L’exécution, à la puissance particulièrement bien dosée, du premier mouvement, quasiment une œuvre en soi, convainc tout particulièrement par la fermeté et la cohérence de la conception, tandis que celle des mouvements plus courts séduisent par leur texture, leur allure et leur esprit. Et que dire du sixième et dernier mouvement, interprété avec une sobriété qui en révèle d’autant mieux l’impact émotionnel ?


Nous avons donc eu plus d’une fois le sentiment que cette symphonie ne pourrait pas mieux sonner, et, bien qu’atteindre une plus grande perfection instrumentale demeure possible, l’orchestre nous a plus d’une fois séduit et épaté, en particulier les bois et les cuivres. Les cors, d’une netteté impeccable, sonnent, par exemple, majestueusement, et ce dès le tout début, dans une introduction qui les expose crucialement. Les parties vocales attirent aussi l’attention, moins toutefois que dans la Huitième, avec le concours, en particulier, de Nora Gubisch, voix somptueuse, et d’enfants qui chantent avec ce que nous attendions de fraicheur et de candeur.


Au préalable, le directeur général, Peter de Caluwe, a pris la parole, avec retenue, mais non sans émotion, pour rendre hommage à Pierre Audi, subitement décédé la veille. Le défunt directeur du Festival d’Aix‑en‑Provence avait accepté de mettre en scène, dans des délais réduits, les deuxième et troisième journées de la Tétralogie, cette saison, en remplacement de Romeo Castellucci. Ce concert lui est bien naturellement dédié. Et il est probablement inutile, enfin, de chercher à se procurer des places pour la Neuvième, le 20 mai, par les Berliner Philharmoniker dirigés par Kirill Petrenko, le dernier concert de la série étant annoncé complet depuis plusieurs semaines.



Sébastien Foucart

 

 

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