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Arpentant la pimpante pampa

Toulouse
Eglise de la Daurade
06/23/2002 -  

Alberto Ginastera : Scherzo fantastico et finale furioso

José Serebrier :
Élégie pour cordes

Fernando Condon : Hommage à Piazzolla, pour cordes, piano, percussions et bandonéon-création mondiale

Astor Piazzolla : Oblivion, Tanti anni prima, Deux Tangos

José Serebrier : Casi un Tango-création mondiale, Tango en azul-création européenne

Lamarque Pons : Candombe, pour bandonéon, percussions et piano-création européenne



Orchestre de Chambre National de Toulouse, José Serebrier (direction)


Lajos Lencses (hautbois et cor anglais)




Une fois n’est pas coutume, à titre préalable, plongeons nous dans l’envoûtant instant de l’avant-concert, pour être empoigné par un assaut de dissonances délicieusement désorganisées qui rebondissent sur les murs de ce lieu consacré.


Les solistes de l’orchestre s’ébattent comme de joyeux drilles dans les harmonies bariolées de l’un des chouchous chers au cœur de Gidon Kremer, Piazzolla et c’est dans une atmosphère débridée « krémératisée » de carnaval argentino-uruguayen que José Serebrier galvanise ses valeureuses troupes de fiers mercenaires -conquistadors.


Compositeur majeur, Alberto Ginastera est un maître sorcier, qui forge à partir d’un métal hurlant, une lave instrumentale volcanique, laquelle distille, dans un brasier ardent un magma de couleurs sanglantes, et édifie un lyrisme onirique, insolite, corrosif, fabriquant un entrelacs de filaments bartokiens et bergiens . Sa technique compositionnelle est formidable car elle sécrète une Illumination d’une violence peu commune et d’un gigantisme inédit. Et de déplorer le fait que ce gars-là soit superbement ignoré en France qui découvre seulement en 2002 les beautés subaquatiques de l’éblouissante Rusalka ! ! Alors, on peut vainement attendre la venue de Bomarzo, de Beatriz Censi,ou encore de Don Rodrigo, trois colosses opératiques de ce bâtisseur d’espaces sonores démentiels, un paladin un peu « dingo » cassant et concassant la tonalité, soumise aux plus insensés outrages !


D’ailleurs, son Scherzo fantastico, frenetico est justement le parfait archétype de la partition écrite au dessus d’une zone sismique à très haut risque, prompte à semer un désordre organique apocalyptique, à lacérer et à éventrer les coutures du vêtement orchestral en plein processus de désintégration.


De même, l’ Elégie pour cordes de Serebrier, de facture « busonienne » se revèle être une création tellurique aux hardiesses fulgurantes commise par un galopin de quatorze ans, d’une maturité presque effrayante tant la culture musicale est surabondante. Cet apprenti compositeur convoque dans une ronde enfiévrée le Strauss des Métamorphoses, La Nuit Transfigurée de Shoenberg et renvoie à une autre Nuit, celle du compositeur toulousain, Dyam Victor Fumet, énigmatique poème de l’espace immobile et silencieux. L’on a l’impression de s’ abîmer également dans le lyrisme âpre, désolé et mortifère d’ Ohana avec ses lignes brisées et démembrées. Ce n’est qu’ à la faveur d’un fragile interstice de lumière fugitive, qu’ une timide ébauche de tonalité semble daigner enfin émerger.


L’Hommage à Piazzolla dû à Fernando Condon, animé , festif, enjoué, est une grisante pulsion de vie brillamment orchestrée. Osons un rapprochement iconoclaste : ce morceau pourrait avoir été conçu par Delius, Bellini, Piazzolla et Xenakis ! Pour peu que l’on abolisse les frontières temporelles...


Au final, ce voyage picaresque dans les sierras et les vallées poudreuses, à travers les sentiers herbeux aura permis de décoller pour une chevauchée fantastique des plus épiques.


Ah ! Si l’OCNT pouvait un jour s’emparer-pacifiquement- du Mexique et interpréter Revueltas et son brûlant Sensemaya, certes adapté pour formation de chambre, et tant d’autres génies comme Chavez par exemple, ce serait l’extase absolue.





Étienne Müller

 

 

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