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Moment de grâce et d’émotion

Lausanne
Opéra
11/26/2024 -  
Franz Liszt : Die Loreley», S. 273/2 – En rêve (Nocturne), S. 207 – Oh ! quand je dors, S. 282/2
Josef Hadar : Erev Shel Shoshanim
Jacqueline Mani : Le Petit Chat triste
Franz Schubert : Du bist die Ruh, D. 776 – Nacht und Träume, D. 827
Anonyme : Berceuse cosaque
Richard Strauss : 6 Lieder, opus 37 : 3. « Meinem Kinde » – 8 Gedichte aus « Letzte Blätter », opus 10 : 3. « Die Nacht » – Mädchenblumen, opus 22 : 1. « Kornblumen », 2. « Mohnblumen » & 3. « Epheu »
Edvard Grieg : 6 Lieder, opus  48 : 6. « Ein Traum »
Lili Boulanger : Clairières dans le ciel : 1. « Elle était descendue au bas de la prairie », 2. « Elle est gravement gaie » & 4. « Un poète disait »
Cécile Chaminade : Ma première lettre
Germaine Tailleferre : Six chansons françaises : 1. « Non, la fidélité... », 3. «  Mon mari m’a diffamée » & 6. « Les Trois Présents »
Francis Poulenc : Improvisation n° 15 « Hommage à Edith Piaf », FP 176
Darius Milhaud : Chansons de Ronsard, opus 223 : 3. « Tay toy, babillarde arondelle »
Marguerite Monnot : Hymne à l’amour

Sabine Devieilhe (soprano), Mathieu Pordoy (piano)


M. Pordoy, S. Devieilhe (© Edouard Brane)


Une soirée magique. Sabine Devieilhe et Mathieu Pordoy ont offert à l’Opéra de Lausanne un splendide récital particulièrement inspiré, composé de mélodies et de lieder peu connus, tout en sobriété et en émotion, un moment de grâce durant lequel le temps a semblé comme suspendu. La soprano est arrivée sur scène bondissante et s’est lancée dans une enivrante Loreley de Liszt, où elle a pu d’emblée montrer toute l’étendue de son talent : voix parfaitement conduite sur l’ensemble de la tessiture, maîtrise absolue du souffle, large palette de couleurs, sens des nuances, expressivité à son plus haut degré, splendides sons filés sur des aigus impalpables et diction allemande irréprochable, avec des frictions particulièrement sonores sur les consonnes finales. Amis de longue date, la chanteuse et son pianiste, Mathieu Pordoy, ont partagé une complicité qui faisait plaisir à voir.


Leur récital leur a permis de présenter un programme intelligemment conçu de chansons d’amour et de berceuses en allemand et en français, des partitions qui embrassent plus d’un siècle de répertoire et qui ont pour point commun la douceur, la mélancolie et la sobriété. A aucun moment les deux interprètes n’ont cherché les effets faciles ou la virtuosité à tout prix, préférant toucher le public par les émotions et l’intensité dramatique de leur jeu. Malgré sa voix plutôt légère et aérienne, Sabine Devieilhe, en mélodiste chevronnée qu’elle est, a su parer son timbre de couleurs sombres lorsqu’il s’est agi de traduire la force et l’intensité de certaines pièces, sa voix emplissant alors tout l’auditoire. Et quand Mathieu Pordoy s’est lancé seul dans deux morceaux du programme, elle s’est retournée dans le creux du piano pour profiter de la prestation de son collègue en spectatrice. On mentionnera aussi le Nocturne de Liszt terminé dans l’obscurité totale, donnant des frissons aux spectateurs. La soirée s’est conclue sous les ovations d’un public visiblement ravi, qui n’a pas hésité à se lever comme un seul homme pour saluer une prestation hors du commun. Croisé dans les couloirs à la fin de la soirée, Claude Cortese, nouveau directeur de l’Opéra de Lausanne, s’est plu à constater combien la taille intimiste de la salle convenait aux récitals. Il ne reste plus qu’à espérer que ce premier succès éclatant lui donnera envie d’en programmer beaucoup d’autres !



Claudio Poloni

 

 

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