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Les trois temps de Rachel Breen Toulouse Couvent des Jacobins (Cloître) 09/05/2024 - Wolfgang Amadeus Mozart : Sonate pour piano n° 10, K. 300h [330]
Frédéric Chopin : Impromptus n° 1, opus 29, n° 2, opus 36, et n° 3, opus 51 – Fantaisie-Impromptu, opus 66
Luciano Berio : Wasserklavier
Modeste Moussorgski : Impromptu passionné
Arnold Schönberg : Fragment en ut dièse mineur
Ludwig van Beethoven : Sonate pour piano n° 32, opus 111 Rachel Breen (piano)
Du 5 au 30 septembre, la quarante‑cinquième édition de Piano aux Jacobins, toujours sous la direction de Catherine d’Argoubet et Paul‑Arnaud Péjouan, propose au public toulousain une superbe succession de seize récitals confiés à des musiciens réputés – Joaquín Achúcarro, Philippe Bianconi, Marc‑André Hamelin, Beatrice Rana, Christian Zacharias... – sans oublier le jazz – Omri Mor et Tom Oren – et, surtout, les jeunes talents – Arielle Beck, Nathanaël Gouin, Mao Fujita, Isata Kanneh‑Mason...
Née en 1997, Rachel Breen se range également dans cette catégorie, d’autant qu’il s’agit, pour ce concert inaugural du festival, d’une des toutes premières apparitions en France de cette élève du regretté Lars Vogt à Hanovre. Donné quasiment d’un seul tenant, son programme se déroule néanmoins en trois temps, avec d’abord la Dixième Sonate (1778) de Mozart. L’exigence de cette musique pour les interprètes, on le sait, est sans rapport avec sa facilité technique et la tentation peut donc être de garder prudemment la distance : omettant la reprise de l’Allegro moderato initial, la pianiste américaine ne refuse pas l’obstacle, cultivant les contrastes entre le détaché et le legato, le forte et le piano, la dureté et la souplesse, avec un Andante cantabile dont le jeu d’ombres et de lumières prend une allure romantique.
R. Breen (© Alexandre Ollier pour le Couvent des Jacobins)
Le deuxième temps est consacré aux trois Impromptus (1837, 1839 et 1842) et à la
Fantaisie-Impromptu (1834) de Chopin, liés les uns aux autres par trois courtes pièces inattendues sur le papier mais dont le choix se révèle très pertinent : le méditatif Wasserklavier (1965) de Berio, un Impromptu passionné (1859) assez chopinien de Moussorgski et un étonnant Fragment en ut dièse mineur (vers 1900) de Schönberg, entre Brahms et Scriabine. Rachel Breen avale un peu les notes dans le Premier Impromptu mais les traits sont impeccablement filés dans le Deuxième et la Fantaisie-Impromptu, la main gauche chante remarquablement et l’ensemble est paré d’une belle sonorité.
En conclusion, dans la Trente‑deuxième Sonate (1822) de Beethoven, cette fois‑ci avec l’intégralité des reprises, le volontarisme, s’exprimant notamment au travers d’accents fortement marqués, doit s’accommoder d’une articulation parfois insuffisamment soignée. Dans les variations, après les deux premières, souples et dansantes, la troisième est très rythmée mais les deux dernières frappent encore plus par le travail sur la sonorité, avec une pédale créant des effets de brume à la Turner.
A ces variations mythiques en succèdent d’autres en bis, les Goldberg de Bach, mais on n’en entendra ici que le thème, une Aria abordée avec une simplicité d’excellent aloi.
Le site de Piano aux Jacobins
Le site de Rachel Breen
Simon Corley
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