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«Penser la musique comme un espace imaginaire» Helmut Lachenmann

Paris
Ircam
05/31/2002 -  et 1er juin 2002

Festival Agora
31 mai
Sohrab Uduman : Tracing metamorphoses
Rolf Wallin : Phonotope I
Helmut Lachenman : Grido

Quatuor Arditti
1er juin
Marco Stroppa : Spirali
Suzanne Giraud : Envoûtements V
Luigi Nono : Fragmente-Stille, An Diotima
Helmut Lachenman : Serynade pour piano, Reigen seliger Geister pour quatuor

Caroline Delume (guitare)
Yukiko Sugawara (piano)
Quatuor Diotima


Inventeur de la « musique concrète instrumentale », Helmut Lachenmann, tel un archéologue, cherche à mettre en lumière les constituants du son en déconstruisant nos habitudes d’écoute : les cordes frottées et non jouées, la résonance pure du piano, le seul souffle dans les instruments à vent, les bruits de la mécanique des instruments constituent son instrumentatrium. Il s’agit, il s’en explique dans une conférence organisée à l’occasion de ces concerts d’ouverture du 5e Festival Agora, de provoquer des «frictions entre la structure du son et la structure de notre tradition» pour renouveler notre écoute ; «à la fin d’une pièce, notre oreille doit être changée, c’est une expérience sur nous mêmes». «Provocation créative» supplémentaire, l’expression est de lui, Lachenmann convoque également des sons philharmoniques, consonants, des «morceaux» de musique comme échappés de notre tradition qu’il réintroduit comme pur événement dans sa musique (Fassade pour grand orchestre et bande magnétique (1973/1987) fait même intervenir par intermittence un enregistrement d’un concerto de Mozart !). Ainsi son dernier quatuor, Grido, donné en création française, part de phénomènes sonores issus de la tradition (accords à l’unisson, scansion régulière, notes tenues) qui ensuite s’éparpillent, se diffractent jusque, notamment, dans des sons concrets, «bruitistes». Il fait ici le chemin inverse de son quatuor précédent (Reigen seliger Geister) qui, lui, part du silence pour arriver, par instants très intense, à des sons «reconnaissables» par notre mémoire musicale. Alliant légèreté, couleurs, allant, Grido réussit le tour de force de charmer l’oreille tout en continuant sa mise en question, une provocation douce en quelque sorte, saluée par une véritable ovation d’une salle comble qui reconnaît là une des créations majeures de notre temps. Le lendemain, Serynade (1999, création française), pour piano, explore, avec une insistance qui peut lasser, la résonance d’accords répétés, mais reste en deçà du travail d’un Messiaen ou d’un Radulescu.


Expliquant l’absence de l’électronique dans son corpus, Lachenmann se déclare «technophobe» et l’on aurait envie de tous le devenir après l’audition des deux pièces de Sohrab Uduman et Rolf Wallin dont la pauvreté d’inspiration n’a d’égale que l’indigence des gazouillis informatiques dont ils les affublent. Heureusement, Marco Stroppa, un compositeur d’une autre trempe, nous réconcilie avec la technique avec son quatuor Spirali (1988) dans lequel des modes de jeu simples et vifs sont répercutés par les haut-parleurs. A sa suite, Suzanne Giraud garde le quatuor, abandonne l’informatique mais introduit une guitare pour composer un ensemble original : tel un divertimento, Envoûtements V captive par une écriture très mobile, vive, inventive. Une incontestable réussite. Faisant preuve d’une grande maîtrise, le jeune Quatuor Diotima (qui tire son nom du quatuor de Luigi Nono qu’il interpréta magnifiquement) démontre que l’OPA (amicale !) du Quatuor Arditti (qui assura la concert d’ouverture) sur la musique contemporaine a peut être vécu, en tout cas la concurrence se renforce !


Le programme du Festival Agora sur le site de l’Ircam




Philippe Herlin

 

 

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