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La langue muette du deuil

Paris
Grande Halle de la Villette
05/23/2024 -  et 17, 18 (Aix‑en‑Provence), 24, 25*, 26, 28, 29, 30, 31 mai, 3, 4, 5, 6 (Paris) juin, 4, 5, 6 (Montpellier), 12 (Vichy) juillet, 4, 5 (Perpignan), 12 (Sainte‑Maxime), 16, 17, 18, 19 octobre (Aix‑en‑Provence), 20, 21 (La Rochelle), 30 (Cannes) novembre, 4 (Modena), 18, 19, 20, 21, 22 (Caen) décembre 2024, 6, 7, 8, 9 février (Sceaux), 12, 13, 14, 15, 16, 18, 19 mars (Versailles), 3, 4, 5 (Rouen), 13, 14, 15 (Athinai) avril, 9, 10 (Madrid), 13 (Dijon), 16, 17 (Fribourg) mai, juillet (Vaison-la-Romaine) 2025
Requiem(s)
Angelin Preljocaj (chorégraphie), System of a Down, Győrgy Ligeti, 79D, Wolfgang Amadeus Mozart, Johann Sebastian Bach, Hildur Guonadóttir, Olivier Messiaen, Georg Friedrich Haas et Johann Johansson (musique)
Ballet Preljocaj
Eric Soyer (lumières), Eleonora Peronetti (costumes), Nicolas Clauss (vidéo), Adrien Chalgard (scénographie)


(© Didier Philispart)


C’est sous le signe du deuil qu’Angelin Preljocaj a présenté sa dernière chorégraphie fraîchement créée à Aix‑en‑Provence et que Paris peut applaudir sous la Grande Halle de la Villette avant une tournée française et européenne qui durera un an. Dans un monde déréglé où l’on compte quotidiennement les morts par milliers, le choix d’Angelin Preljocaj de consacrer sa nouvelle chorégraphie, Requiem(s), à la Mort sonne terriblement d’actualité. Elle l’est aussi pour des raisons plus personnelles, le chorégraphe ayant l’an dernier perdu ses deux parents et des amis proches.


On connaît trop bien désormais son immense culture musicale et surtout son éclectisme pour ne pas être surpris que le requiem culte parmi tous, celui de Mozart, ne figure qu’épisodiquement avec son déchirant Lacrimosa si adéquat dans un choix musical qui convoque aussi bien Ligeti, Messiaen, Bach, Haas (avec un étonnant concerto pour trombone), du folklore islandais, des musiques des trouvères du Moyen Age, alternés avec des créations de System of a Down, groupe de rockers californiens engagés d’origine arménienne, et des mixages habiles du Collectif 79D. C’est ce choix musical qui nous semble organiser cette mosaïque de tableaux pour dix‑neuf danseurs, ensembles toujours spectaculaires comme Preljocaj les affectionne et sait si bien les régler, duos souvent multipliés en symétrie, scènes théâtralisées au début et à la fin de la pièce. La thématique égrène ses images, souvent fortes ou d’une beauté glaçante mais on peine à saisir un fil narratif. Les magnifiques costumes d’Eleonora Peronetti, blancs, noirs et gris (avec quelques touches de rouge pour le sabbat infernal final), tout comme les éclairages virtuoses d’Eric Soyer, subliment ces séquences qui évoquent les rites mortuaires, l’histoire et la peinture religieuse ayant illustré la mort.


On est, comme dans le précédent spectacle Mythologies, moins partant quand les discours philosophiques (ici Deleuze dans une leçon magistrale) servent de substrat à la danse, fût‑elle réglée avec cette expertise qui est depuis bientôt quarante ans la marque de fabrique du Ballet Preljocaj et suprêmement dansée par la compagnie. Justifiés par la joie que peut parfois générer la mémoire des disparus, certains épisodes très enlevés rythmiquement, quasi primesautiers, alourdissent un peu un spectacle d’une esthétique parfaite, qui, dans les conditions d’inconfort de cette salle qui remplace provisoirement celle du Théâtre national de la danse de Chaillot, actuellement en travaux (sièges durs et trop bas, sonorisation agressive), nous a paru, malgré la durée habituelle de 90 minutes, parfois un peu longuet.



Olivier Brunel

 

 

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