About us / Contact

The Classical Music Network

Berlin

Europe : Paris, Londn, Zurich, Geneva, Strasbourg, Bruxelles, Gent
America : New York, San Francisco, Montreal                       WORLD


Newsletter
Your email :

 

Back

Spiritualités

Berlin
Konzerthaus
05/03/2024 -  et 5 mai 2024
Philip Glass : Façades – The Passion of Ramakrishna
Johann Sebastian Bach : Cantate « Herr, gehe nicht ins Gericht mit deinem Knecht », BWV 105

Anna-Lena Elbert (soprano), Aurélie Franck (alto), Florian Feth, Benjamin Glaubitz (ténors), Kresimir Strazanac, Konstantin Paganetti (basses)
Chorwerk Ruhr, Alexander Lüken (chef de chœur), Konzerthausorchester Berlin, Iván Fischer (direction)


(© Stéphane Guy)


Le présent concert associait de façon originale le Cantor de Leipzig Johann Sebastian Bach (1685‑1750), à la foi protestante rayonnante, au maître du minimalisme américain, Philip Glass (né en 1937), se réclamant lui tout simplement de toutes les religions.


La première œuvre, Façades (1981) de Philip Glass, présente un petit orchestre dialoguant avec deux saxophones sopranos placés isolément à droite de la scène. L’orchestre joue en quelque sorte le rôle d’une basse continue. Le chef hongrois Iván Fischer, directeur de l’orchestre de 2012 à 2018, maintient sans faille un tempo plutôt retenu dans cette page assez courte et relevant clairement de la sphère répétitive, ce qui n’est pas toujours le cas chez Glass contrairement à ce qu’on lit trop souvent. L’interprétation ne fait malheureusement rien pour l’alléger ; c’est assez pâteux.


Après cette page aussi vide que vaine, place au « plein » en quelque sorte avec
une Cantate (1723) de Bach écrite pour le neuvième dimanche après la Trinité. Les tempos sont une nouvelle fois fermement tenus mais la lecture nous paraît encore bien lourde. L’interprétation pâtit de surcroît d’un chant de soprano limite sur les aigus et d’un chœur auquel on ne comprend pas un traître mot si on n’a pas le texte sous les yeux. Heureusement, l’alto belge Aurélie Franck, sortie du rang, et surtout le baryton‑basse croate Kresimir Strazanac, à la forte présence et aux superbes couleurs vocales, rattrapent la chose.

L’oratorio de Glass, d’une quarantaine de minutes, La Passion de Ramakrishna (2006), inspiré de la vie et des souffrances du gourou indou Sri Ramakrishna (1836‑1886), mort à 50 ans, et qui s’adresse à la déesse Cali, convainc bien davantage. Ici, à chaque syllabe du chœur comme des solistes correspond une note et pourtant, dans ce que d’aucuns qualifieraient de fatras orchestral, on ne saisit quasiment que les mots : « My mother !  » et un peu plus de dynamisme n’aurait pas fait de mal. Mais la direction gère admirablement les transitions, les changements de rythme, les chutes de tension comme les crescendos de cette œuvre éminemment théâtrale. La basse impressionne à nouveau avec ses pianissimos habités et le jeu du quatuor vocal placé au milieu du chœur perché au premier balcon est de toute beauté. On apprécie aussi la qualité des violoncelles au début de la deuxième partie et celle, d’une façon générale, des intermèdes orchestraux comme au début de la cinquième partie. Cela étant, les louanges doivent surtout s’adresser au Chœur de la Ruhr, d’une rigueur comme d’une réactivité assez bluffantes. Le public lui réserve d’ailleurs, ainsi qu’à son chef Alexander Lüken, des applaudissements nourris parfaitement justifiés.



Stéphane Guy

 

 

Copyright ©ConcertoNet.com