About us / Contact

The Classical Music Network

Amsterdam

Europe : Paris, Londn, Zurich, Geneva, Strasbourg, Bruxelles, Gent
America : New York, San Francisco, Montreal                       WORLD


Newsletter
Your email :

 

Back

Drame bourgeois

Amsterdam
Nationale Opera & Ballet
04/18/2024 -  et 21, 24, 26, 29 avril, 2, 6 mai 2024
Gaetano Donizetti : Roberto Devereux
Barno Ismatullaeva (Elisabetta), Nikolai Zemlianskikh (Duca di Nottingham), Angela Brower (Sara), Ismael Jordi (Roberto Devereux), Thando Mjandana (Lord Cecil), Mark Kurmanbayev (Sir Gualtiero Raleigh), Peter Arink (Un cavaliere), Sander Heutinck (Un famigliare di Nottingham)
Koor van De Nationale Opera, Edward Ananian‑Cooper (chef de chœur), Nederlands Kamerorkest, Enrique Mazzola (direction musicale)
Jetske Mijnssen (mise en scène), Ben Baur (décors), Klaus Bruns (costumes), Cor van den Brink (lumières), Luc Joosten (dramaturgie)


(© Ben van Duin)


Avec Roberto Devereux, l’Opéra national néerlandais achève sa « Trilogie Tudor » de Gaetano Donizetti entamée les saisons précédentes avec Anna Bolena et Maria Stuarda mis en scène par Jetske Mijnssen et dirigés par Enrique Mazzola.


Alors qu’elle avait joué la carte historique pour les deux précédents, la régisseuse néerlandaise Jetske Mijnssen a voulu transformer cette ultime épisode de la vie de la souveraine Elisabeth I en drame bourgeois. Chambre à coucher Biedermeier de la reine au I et salle du trône vide ensuite, ce dernier étant matérialisé par une banquette de musée. La couronne apparaît dans toute sa splendeur à la fin de l’opéra, seul élément (et non utilisé comme tel) pouvant rappeler au spectateur de quoi traite l’histoire à laquelle il a assisté. On laisse à chacun le soin juger ce que ce genre de transposition cinq siècles plus tard apporte à l’œuvre, à son confort d’écoute ou à sa compréhension. Il faut cependant bien noter que quasiment toujours arrive un moment, ici le dernier acte, où plus rien de l’option ne fonctionne et où les pistes sont définitivement brouillées. Au dernier acte, quand Devereux est censé pleurer en prison pour sa grâce, la Reine se morfondre dans l’attente de son exécution et le « ménage » Nottingham avoir sa grande scène conjugale à la découverte du pot aux roses, tout se passe dans la même salle du trône et l’on ne voit pas très bien ce que voir Sara, la duchesse de Nottingham, attachée par le Duc à une chaise avec leurs deux petites filles jouant à leurs pieds avec un train électrique peut apporter à la dramaturgie de la pièce.


Musicalement c’est une autre affaire. Le chef espagnol Enrique Mazzola a dirigé avec une vraie expertise du style bel canto romantique cette représentation à la tête d’un Orchestre de chambre néerlandais et d’un Chœur de l’Opéra national tous deux magnifiques.


Le quatuor de chanteurs réuni, à défaut d’être bien équilibré, était d’un excellent niveau vocal et stylistique. La soprano ouzbek Barno Ismatullaeva faisait ses débuts sur cette scène et dans ce rôle écrasant avec beaucoup d’aplomb. Si tous les moyens techniques sont réunis pour ce rôle virtuose, on peut noter une certaine froideur du timbre qui, certes, sied à la personnalité royale, à laquelle on a un peu de mal à croire avec les costumes de petite‑bourgeoise dont elle est affublée. Ce n’est pas le cas de la mezzo‑soprano américaine Angela Brower, qui a chanté le rôle de la dame d’honneur Sara di Nottingham avec une palette de couleurs très raffinée et un aplomb sonore et théâtral impressionnant.


Pour des raisons de format vocal, les hommes déséquilibraient un peu ce quatuor. Tant le ténor espagnol Ismael Jordi (Devereux) que le baryton russe Nikolai Zemlianskikh (Nottingham) ont des voix se projetant insuffisamment dans ce grand théâtre. Mais pour le bel canto et son style, ils étaient tous deux impeccables, Jordi avec des aigus brillants et Zemlianskikh très convaincant malgré une émission souvent un peu trop engorgée.


Le public amstellodamois, un des plus enthousiaste en Europe, a acclamé debout et avec beaucoup de ferveur cette première représentation.



Olivier Brunel

 

 

Copyright ©ConcertoNet.com