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Sombre sensualité des cool kids du quatuor

Vienna
Konzerthaus
03/18/2024 -  et 18 (Düsseldorf), 20 (Yerevan), 23 (Siena), 25 (London), 26 (München), 28 (Paris) février, 12 (København), 13 (Celle), 15 (Hamburg), 17 (Firenze), 19 (Maribor) mars, 4 (Albany), 5 (New York), 6 (Philadelphia), 7 (Baltimore), 9 (Houston), 14 (Santa Fe), 16 (Berkeley) avril 2024
Wolfgang Amadeus Mozart : Quatuor n° 21 « Prussien », K. 575
Alfred Schnittke : Quatuor n° 3
Edvard Grieg : Quatuor n° 1, opus 27

Quatuor Ebène : Pierre Colombet, Gabriel Le Magadure (violon), Marie Chilemme (alto), Yuya Okamoto (violoncelle)


Y. Okamoto, G. Le Magadure, M. Chilemme, P. Colombet
(© Julien Mignot)



Le cycle du Quatuor Ebène au Konzerthaus rassemble un public varié, comprenant des mélomanes et des musiciens chevronnés, ainsi qu’une bonne portion de la jeunesse artistique viennoise. C’est au fond une fidèle synthèse de cette formation française, forte de vingt‑cinq années de stabilité (l’altiste Marie Chilemme, qui a rejoint les fondateurs en 2017, partage véritablement leur ADN), tout en conservant l’attitude décontractée des cool kids du quatuor à cordes, au sommet de leurs moyens instrumentaux.


Les interprètes ouvrent la première partie avec un quatuor de Mozart qui allie classicisme et engagement ; la délicatesse des archets confère une élégance frémissante et olympienne, traduisant sans maniérisme les inflexions les plus subtiles de la partition. Derrière cette élégance aristocratique, le coup de griffe n’est jamais loin ainsi que le rappellent les unissons acérés du menuet, les frottements et les mordants du finale. Il s’agit une expérience musicale bien plus confortable et sensuelle, mais non moins révélatrice, qui se distingue celle offerte par le Quatuor Hagen il y a quelques mois dans la même salle.


Le programme se poursuit avec un Troisième Quatuor de Schnittke tendu comme un arc de bout en bout ; les contrastes y sont maximisés, le son est densifié tout en évitant brutalité ou compacité dans les timbres. Le lyrisme peut ainsi s’épancher avec intelligence, les musiciens conservant constamment le contrôle de la balance globale, guidant la perception des auditeurs présents dans la salle.


De manière inattendue, le Premier Quatuor de Grieg est le coup de force de la soirée : cette pièce relativement méconnue s’érige en véritable morceau de bravoure, suscitant un impact émotionnel comparable à celui du Premier Quatuor de Smetana, « De ma vie ». Malgré une composition fondée sur un principe cyclique, il pourrait être difficile de trouver de l’unité dans la richesse des éléments mélodiques, la versatilité des émotions, les dynamiques colossales et les assemblages de styles assez hétéroclites (on pense à Debussy dans le premier mouvement, à Dvorák ou Brahms dans le troisième), qui pourraient à tout moment faire exploser l’œuvre en éclats. Miraculeusement, le Quatuor Ebène parvient à concilier ces extrêmes, embrasant, ivres de liberté, la musique et laissant jaillir de remarquables reliefs. Difficile de sortir indemne d’une telle lecture !


L’arrivée du jeune violoncelliste japonais Yuya Okamoto il y quelque mois marque une étape importante de l’ensemble ; la fusion des timbres avec ses compagnons semble déjà très prometteuse. L’ancien membre fondateur, Raphaël Merlin, sera de retour dans le programme du quatuor en 2025, non plus en tant que violoncelliste, mais comme compositeur.


Le site du Quatuor Ebène



Dimitri Finker

 

 

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