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« Tragique » tranquille

Paris
Maison de la radio et de la musique
02/16/2024 -  et 15 février 2024 (Dijon)
Gustav Mahler : Symphonie n° 6 en la mineur
Orchestre philharmonique de Radio France, Mikko Franck (direction)


M. Franck (© Christophe Abramowitz)


On connaît les affinités du chef finlandais Mikko Franck et de l’Orchestre philharmonique de Radio France avec la musique de Gustav Mahler. Au programme ce soir, la célèbre Sixième Symphonie, dite « Tragique », qui a très souvent les honneurs du concert. Ainsi, ces derniers mois, ce ne furent pas moins que Lorenzo Viotti et l’Orchestre philharmonique de Munich, Simon Rattle et l’Orchestre symphonique de la Radio bavaroise et tout récemment Lahav Shani avec l’Orchestre de Paris qui s’y sont essayé avec plus ou moins de réussite. Mikko Franck et ses musiciens s’étaient eux aussi déjà lancés à l’assaut de cette œuvre mythique en 2019.


La Sixième Symphonie convoque un très grand orchestre avec par exemple cinq flûtes, cinq hautbois, huit cors et six trompettes mais également un célesta, des cloches et un marteau. Composée de quatre mouvements à la façon de la symphonie classique, elle pose aussi la question de l’ordre des deux mouvements centraux, le Scherzo et l’Andante. Beaucoup de chefs préfèrent désormais jouer le Scherzo en deuxième position, ce qui semble assez logique vu leur parenté musicale. Et ce sera le choix fait par Mikko Franck ce soir. Un Mikko Franck qui est égal à lui‑même, précis, sobre dans sa gestique, efficace et manifestement heureux d’être là. L’Orchestre philharmonique de Radio France ne révèle ce soir aucune faiblesse, si ce n’est de marginales imperfections dans certains passages particulièrement exposés des cuivres. Incontestablement, la connexion entre le chef et l’orchestre fonctionne avec une grande efficacité.


L’interprétation proposée ce soir peut sans doute être qualifiée d’objective, ce qui est naturellement le choix assumé du chef. Le propos est organisé avec rigueur, sens de la ligne et sans effet exagéré. Il manque sans doute quelques nuances, trop souvent uniformément dominées par des mezzo forte, et par moments, on perd la lisibilité de certaines voix (des bois notamment) secondaires. Et si certains passages ont semblé plus convaincants (début du Scherzo et de l’Andante), d’autres ont paru moins vivants, notamment la fin du premier mouvement et le long final, durant lesquels Mikko Franck ne parvient pas à renouveler le discours. Sans doute manquait‑il à cette perfection formelle fruit du travail de précision du chef un peu de passion, voire le grain de folie qui vous fait vibrer.


Il est aussi clair que l’acoustique très directe et peu enveloppante de l’auditorium de Radio France, au moins dans les premiers rangs du parterre, ne sert pas les interprètes A ce propos, il est frappant de voir à quel point l’enregistrement fait pour France Musique permet une autre perception, plus agréable et moins frontale. En ce sens, les auditeurs de l’auditorium de Dijon, où ce programme était préalablement donné, ont sans doute pu mieux profiter du travail de précision de ces magnifiques interprètes.



Gilles Lesur

 

 

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