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Schoenberg à 14 ans

München
Herkulessaal
01/28/2024 -  
Paul Hindemith : Ragtime (wohltemperiert)
Arnold Schoenberg : Concerto pour piano, opus 42
Gustav Mahler : Symphonie n° 1

Tsotne Zedginidze (piano)
Bayerisches Landesjugendorchester, Sir Simon Rattle (direction)


T. Zedginidze, S. Rattle (© Astrid Ackermann)


L’Allemagne peut s’enorgueillir de posséder de nombreux ensembles de jeunes musiciens. Dans ses précédentes fonctions en Angleterre et à Berlin, Sir Simon Rattle a dirigé fréquemment des ensembles de jeunes musiciens, qu’ils soient professionnels ou amateurs. Naturellement, cette tradition continue à Munich. En décembre dernier, il a dirigé les musiciens de l’académie de l’Orchestre symphonique de la Radio bavaroise, et ce soir, il est à la tête de l’Orchestre d’Etat bavarois des jeunes.


Pour cette soirée un peu spéciale, la Herkulessaal était pleine. Le public, souvent composé de mélomanes de toutes générations, était plus jeune encore que d’habitude mais tout aussi attentif. Dans la salle se trouvaient toute une série de dignitaires mais surtout Lisa Batiashvili, dont le jeune soliste de cette soirée fait partie de sa fondation.


Comme à l’accoutumée, les programmes auxquels se confrontent ces jeunes musiciens sont tout sauf faciles. Le Ragtime de Hindemith est une œuvre éclatante et exubérante qui rappelle les fanfares de Charles Ives. L’orchestre au complet démontre qu’il a une certaine puissance sonore et les cuivres ressortent avec beaucoup de solidité.


C’est un orchestre plus réduit qui reste sur scène pour rien moins que le Concerto pour piano de Schoenberg. Le soliste de ce soir est le jeune pianiste et compositeur géorgien Tsotne Zedginidze, âgé de seulement 14 ans.


Une fois la réelle surprise passée de voir sur scène un aussi jeune musicien, on se concentre naturellement sur la musique. Dans cette œuvre qui est tout sauf facile, Zedginidze fait ressortir la continuité de la pièce. Certains équilibres sont parfois en défaveur du piano mais dans les passages plus doux, les accords sont riches avec une profondeur des parties médianes. Il n’a pas peut-être pas encore la dynamique sonore de pianistes plus âgés mais il montre une grande familiarité et une remarquable maitrise de la partition qui laisse le public émerveillé.


Très applaudi, il donne en bis « Danseuses de Delphes » de Debussy en faisant à nouveau ressortir les lignes et les harmonies, avec un rubato personnel plein de charme et en jouant vers la fin des accords arpégés non sans une certaine élégance. On ne peut s’empêcher d’être à la fois soucieux que ce très jeune homme puisse se développer tranquillement mais en même temps, un tel talent et une telle maîtrise forcent l’admiration.


En seconde partie, l’orchestre revient sur scène au grand complet pour la Première Symphonie de Mahler. Les jeunes musiciens semblent un peu nerveux dans le premier mouvement et certains tutti pourraient bénéficier d’un peu plus de clarté. Mais Rattle sait les inspirer et la confiance s’installe progressivement. Certains phrasés, notamment aux violoncelles, sont assez originaux et certaines nuances sont très travaillées. Le deuxième mouvement a de l’allant. Les jeunes musiciens sont attentifs à ne pas faire de crescendo trop marqué dans le troisième mouvement et ils trouvent la dimension de ce superbe finale avec à nouveau une contribution de la partie si délicate aux cuivres avec beaucoup d’assurance.


En conclusion, permettez-moi de partager une anecdote personnelle. A l’université de Munich où je travaille, une de mes étudiantes berlinoises évoque encore aujourd’hui avec émotion sa participation au Bundesjugendorchester sous la direction de Sir Simon Rattle. Une autre étudiante, qui a étudié le violon au Mozarteum de Salzbourg, parle souvent de son expérience exceptionnelle avec l’Orchestre d’Etat bavarois des jeunes sous la direction de Mariss Jansons. Bien que nombre de ces jeunes musiciens ne poursuivent pas de carrière musicale, la possibilité de faire de la musique dans de telles conditions extraordinaires reste une source de joie pour eux, pour leur pays et pour nous.



Antoine Lévy-Leboyer

 

 

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