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La grande tradition en voyage

Bruxelles
Bozar, Salle Henry Le Bœuf
01/11/2024 -  
Philip Glass : The Triumph of the Octagon
Felix Mendelssohn : Symphonie n° 4 « Italienische », opus 90
Serge Prokofiev : Symphonie n° 5, opus 100

Chicago Symphony Orchestra, Riccardo Muti (direction)


R. Muti (© Todd Rosenberg)


En ce mois de janvier, l’Orchestre symphonique de Chicago effectue une tournée européenne, la première depuis 2020, mais la trente‑cinquième sur le vieux continent depuis sa création, la soixante‑quatrième tous pays confondus. Bruxelles constitue la première étape d’un voyage qui emmènera cette importante phalange, ainsi que Riccardo Muti, son ancien directeur musical, de 2010 à 2023, devenu émérite, en France, Allemagne, Luxembourg, Autriche, Hongrie et Italie. Les musiciens ont emportés dans leurs malles les partitions de plusieurs œuvres, notamment Aus Italien de Strauss, la Troisième Symphonie de Price, Le Lac enchanté de Liadov, L’Oiseau de feu de Stravinski et la Deuxième Symphonie de Brahms, en plus de celles jouées dans la capitale belge.


Le concert débute avec la première exécution en Europe d’une œuvre que Philip Glass a composée pour cet orchestre et ce chef. The Triumph of the Octagon (2023), qui dure un peu moins de dix minutes, s’inspire d’un château médiéval, le Castel del Monte, situé dans le sud‑est de l’Italie et adoptant la forme d’un octogone. C’est en apercevant, dans le bureau du maestro, à Chicago, en 2022, une photographie de cet édifice des Pouilles que le compositeur a décidé d’écrire cette pièce qui débute d’abord dans une sorte d’indécision avant de progresser assez mystérieusement vers une structure et des proportions plus fermes jusqu’à une fin suspendue. Avec cette composition relativement courte, Glass reste fidèle – malheureusement, penseront probablement certains – à sa musique immédiatement reconnaissable.


La soirée se poursuit avec la Quatrième Symphonie (1830‑1833) de Mendelssohn, applaudie après chaque mouvement, non sans susciter quelque agacement. Le chef en délivre une lecture à la fois ferme et nuancée, impeccablement construite, mais un peu trop lisse, marmoréenne, même. Il ne fallait évidemment pas s’attendre de la part de ce dépositaire de la grande tradition à une exécution échevelée et enivrante, mais celle‑ci aurait tout de même gagné à présenter davantage d’éclat, d’impulsion et de vitalité. Elle n’accuse toutefois ni lourdeur ni lenteur, affichant même une certaine sveltesse et, surtout, beaucoup de noblesse. Sans surprise, non plus, l’infaillible formation américaine se hisse à un niveau de jeu remarquable et produit une sonorité de premier ordre.


En seconde partie, la Cinquième Symphonie (1944) de Prokofiev procure bien plus de satisfaction, notamment parce qu’une partie du public a enfin compris qu’il n’y a pas lieu d’applaudir entre les mouvements. L’exécution, plus captivante, affiche les mêmes qualités de netteté et de son que celle de la symphonie précédente, avec cette fois davantage d’intensité et de puissance. Elle adopte en effet des tempi et un profil dynamique plus conformes aux attentes, pour un résultat assez spectaculaire, même s’il était probablement possible d’accélérer encore par endroits, en particulier à la fin de l’Allegro marcato et de l’Allegro giocoso, d’adopter aussi, par moments, un ton encore plus mordant. L’orchestre se montre plus généreux, plus coruscant, qu’en première partie, tout en conservant sa concentration élevée et sa mise impeccable. Les cuivres, vraiment impressionnants, fidèles ainsi à leur légende, suscitent l’admiration, les bois aussi, bien sûr, justes et expressifs, tandis que les cordes (parmi elles, le violoncelliste David Senders, membre de l’orchestre depuis cinquante ans) séduisent par leur densité et leur profond lyrisme. Les percussions, enfin, se distinguent brillamment dans cette œuvre irrésistible. L’orchestre et le chef prennent congé du public avec un bis splendide, l’Intermezzo du troisième acte de Manon Lescaut.


Le site de l’Orchestre symphonique de Chicago



Sébastien Foucart

 

 

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