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Glamour et papillons

Paris
Cinéma Pathé Opéra
12/09/2023 -  
Daniel Catán : Florencia en el Amazonas
Ailyn Pérez (Florencia), Gabriella Reyes (Rosalba), Nancy Fabiola Herrera (Paula), Mario Chang (Arcadio), Michael Chioldi (Alvaro), Mattia Olivieri (Riolobo), Greer Grimsley*/David Pittsinger (Captain), Tyler Simpson (Sailor), Dandara Veiga (Hummingbird), Griffin Massey (Heron)
Metropolitan Opera Chorus, David Moody (chef de chœur), Metropolitan Opera Orchestra, Yannick Nézet‑Séguin (direction musicale)
Mary Zimmerman (mise en scène), Riccardo Hernández (décors), Ana Kuzmanic (costumes), T. J. Gerckens (lumières), S. Katy Tucker (video), Alex Sanchez (chorégraphie)


(© Ken Howard)


Après Dead Man Walking et X: The Life and Times of Malcolm X, The Metropolitan Opera HD Live continue sa saison avec un troisième opéra du XXe siècle (le dernier présenté cette saison qui se poursuivra le 6 janvier 2024 avec Nabucco de Verdi) avec l’opéra Florence sur l’Amazone de Daniel Catán (1949-2011).


Quelques chiffres permettront de mesurer l’importance de l’arrivée au Met de Florence sur l’Amazone, l’opéra du Mexicain Daniel Catán, le premier compositeur latino‑américain à entrer au Metropolitan Opera de New York. En un siècle seuls deux opéras en langue espagnole, Goyescas d’Enrique Granados et La Vie brève de Manuel de Falla, ont été chantés dans la première maison lyrique des Etats‑Unis d’Amérique, dont l’espagnol est la deuxième langue la plus parlée –selon un sondage récent, plus de 42 millions la parlent à la maison et plus de 8 millions l’étudient.


Le livret de Florence sur l’Amazone, inspiré à Marcela Fuentes-Berain par le roman L’Amour aux temps du choléra de l’écrivain colombien Gabriel García Márquez, est écrit dans un style à la fois réaliste et poétique qui convient à merveille au style de l’opéra. Daniel Catán compose dans une manière luxuriante très proche des postromantiques européens. On pense bien sûr à Puccini, bien qu’il soit loin d’en avoir le don de l’urgence dramatique, et à ses successeurs Zandonai et Cilea, mais même si son orchestration est plus colorée, nourrie de rythmes et d’instruments caribéens et sud‑américains, Richard Strauss et même Korngold ne sont jamais loin.


Il était logique dans ce contexte mexicain que la matinée de retransmission mondiale, la troisième cette saison, soit présentée par Rolando Villazón avec son enthousiasme et son humour légendaires. Sous la baguette du directeur musical maison Yannick Nézet‑Séguin, qui, dans la traditionnelle interview de l’entracte, dit, non sans humour, être très à l’aise dans cette latinité étant lui‑même en tant que Québécois un Canadien du sud, l’entrée au répertoire de cet opéra ne pouvait être entre meilleures mains.


Comme pour les deux opéras du XXe siècle présentés en ce début de saison, Florence a connu, avant d’arriver au répertoire de la plus grande compagnie lyrique, une carrière américaine unique pour un opéra en langue espagnole. Créé en 1996 au Grand Opera de Houston, il a été représenté ensuite dans les opéras de Los Angeles, de Seattle, de Floride, de New York City Opera, d’Arizona, de Washington et de Chicago. Internationalement il a aussi été représenté à Mexico, en Allemagne et en Colombie.


L’intrigue est simple : sept personnes embarquent sur un bateau qui doit remonter le fleuve amazonien jusqu’à Manaus pour y écouter chanter dans son célèbre opéra la diva Florencia Grimaldi qui, incognita mais avec un glamour certain, fait partie des passagers à la recherche d’un grand amour qu’elle a vécu des années auparavant pour un lépidoptériste, Cristóbal, sur le même El Dorado. Croisière calme en apparence mais qui vogue de péripétie en péripétie, de tempête en choléra, vers une fin aussi invraisemblable que poétique.


Les deux actes sont un peu dissemblables. Le premier, non sans longueurs, procède par vignettes pour introduire chaque personnage, tous étant enfermés dans des problématiques individuelles. Au second, après une tempête qui sert au livret de coup de théâtre, on assiste au dénouement et à une libération des personnages. Les airs y abondent comme les ensembles mais c’est, on s’en doute, la diva qui se taille la meilleure part avec trois grands airs et une scène finale que n’est pas sans rappeler La Femme sans ombre ou La Ville morte.


La distribution, très latino-américaine, n’est pas loin d’être exemplaire. Le baryton Mattia Olivieri fait des débuts au Met dans le rôle du factotum Riolobo. Les deux couples Paula et Alvaro (Nancy Fabiola Herrera et Michael Chioldi) et Rosalba et Arcadio (merveilleuse Gabriella Reyes et Mario Chang assez poussif) chantent pour la plupart avec beaucoup de conviction mais c’est Ailyn Pérez, dans le rôle‑titre avec une voix ample de soprano dramatique, qui domine cet ensemble.


Très plaisante esthétiquement, la production de Mary Zimmerman évoque, en vert et bleu, jungle et fleuve, et les coursives du bateau sont habilement figurées par le beau décor de Riccardo Hernández. Marionnettistes et danseurs animent dans une belle chorégraphie d’Alex Sanchez toute une faune de piranhas, crocodiles, oiseaux de paradis, hérons et autres bestioles tropicales sans oublier les papillons qui font partie intégrante de l’histoire.


Le public du Met a réservé un triomphe à cette série de représentations, confortant certainement la conviction de son general manager Peter Gelb de fidéliser un nouveau et jeune public à la vieille maison au passé si traditionnaliste.



Olivier Brunel

 

 

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