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Leif Ove Andsnes et Klaus Mäkelä sur les sommets russes

Paris
Philharmonie
12/06/2023 -  et 7* décembre 2023
Serge Rachmaninoff : Concerto pour piano n° 3, opus 30
Piotr Ilyitch Tchaïkovski : Casse‑Noisette, opus 71 (Acte I)

Leif Ove Andsnes (piano)
Orchestre de Paris, Klaus Mäkelä (direction)


Rien de plus simple et de plus difficile que le début du Troisième Concerto de Rachmaninoff : seuls les grands y font quelque chose de rien. Tel Leif Ove Andsnes, qui se rapproche du compositeur par le refus de la surenchère effusive, la maîtrise confondante du jeu, jusque dans les si redoutables cadences, ici d’une limpidité sidérante. On reste coi, aussi, devant l’équilibre entre le sens de la forme, jamais contraignant, et la liberté rhapsodique, jamais relâchée. Si l’on connaît des Rachmaninov plus fous, plus cyclothymiques, celui‑ci vous met à genoux : il est à la fois tempéré et inspiré, avec un Adagio clair comme l’eau pure dans son lyrisme et un Finale à la volubilité jubilatoire mais rien moins qu’ostentatoire. Et il vous conquiert d’emblée par la plénitude capiteuse, la générosité opulente de la sonorité, qui fait du clavier un orchestre dont les cordes ont du moelleux et les vents de la rondeur. Klaus Mäkelä est à l’unisson, qui a travaillé la partition en profondeur, pas moins ductile, pas moins généreux, veillant à la balance entre le soliste et l’orchestre. En bis, la Mazurka en ré majeur (Opus 33 n° 2 de Chopin), remarquable par son élan rythmique et la franchise de ses couleurs.


C’est au concert que l’on entend le mieux la musique de ballet. En témoigne le premier acte de Casse‑Noisette qui clôt le concert. Klaus Mäkelä n’en élude pas pour autant la dimension narrative, mais il dirige une symphonie chorégraphique, dont on redécouvre les subtilités alors qu’on croyait tout connaître par cœur. La partition, qu’on a parfois tendance à empeser, retrouve ici sa fraîcheur et sa sveltesse, grâce aussi à un orchestre plus virtuose que jamais – on ne redira pas l’exceptionnelle beauté des bois, toujours si gâtés par Tchaïkovski. Pimpante Marche, pétillant Petit galop des enfants, Nuit pleine d’un mystère quasi impressionniste, Bataille rutilante mais toujours claire, poudreuse Valse des flocons de neige : tout est ici plaisir de gourmet, tant le chef semble conduire ses musiciens... sur les pointes. On entend bien un « ballet‑féerie ». Donné en bis, le Petit galop des enfants, pris à un tempo d’enfer, donne le vertige.



Didier van Moere

 

 

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