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Plasson dopé au Collard Toulouse Halle aux Grains 04/25/2002 - Modeste Moussorgsky : Une Nuit sur le mont chauve (Version Rimski-Korsakov) Serge Rachmaninov : Concerto pour piano N°1 op. 1 Henri Dutilleux : Métaboles Maurice Ravel : La Valse Orchestre National du Capitole, Michel Plasson (direction) ; Jean-Philippe Collard (piano) On le sait, Michel Plasson n’est pas toujours un accompagnateur en phase avec ses solistes, un récent concert avec François-René Duchâble ayant montré un exemple de ces divorces esthétiques.
Pourtant, lorsque l’alchimie de la rencontre opère, on peut alors assister à une véritable fusion entre cette forte personnalité et celle d’un musicien ayant su faire entendre sa propre voix.
Ainsi, alors que l’on sentait chez Michel Plasson la tentation, à l’introduction du premier mouvement de ce Concerto de Rachmaninov, de sentimentaliser le propos par quelques rubatos alanguis, Jean-Philippe Collard a su dès sa première phrase recadrer le discours vers une plus grande sobriété.
Mais quel pianiste, il faut bien le dire! À une sonorité claire et pourtant riche, jamais percussive, mais au contraire capable de plénitude même dans le fortissimo, s’ajoute une conception d’une grande rigueur, toujours musicale. Rarement ce concerto assez disert a sonné avec cette fluidité et cette évidence, jamais la richesse des détails parfaitement maîtrisés n’oblitérant la logique du discours, déroulé avec infiniment de naturel ; en ce sens, Jean-Philippe Collard est l’anti-Duchâble.
Michel Plasson a su très vite épouser la conception de son soliste et la chaleur de sa direction, épaulée par un orchestre soudé, a apporté un commentaire attentif.
On retrouvait dans Métaboles toutes les qualités de Michel Plasson, l’élan et l’ampleur dramatique de sa direction. Surtout, l’écriture de Dutilleux a permis à l’orchestre de faire valoir la transparence et l’homogénéité de sa sonorité, et aux solistes de briller de toute leur virtuosité. Ainsi abordé avec une véritable compréhension de son style, Dutilleux apparaît clairement comme l’un des classiques de notre temps : rigueur de l’écriture et sincérité de l’émotion.
Dommage que le concert ait débuté et fini par deux interprétations pressées, une Nuit sur le Mont Chauve survolée et sans maléfice, et La Valse un peu trop premier degré, plus Chabrier en goguette que Ravel.
Néanmoins, concert remarquable pour la qualité de la rencontre stimulante avec Jean-Philippe Collard, soliste devenu trop rare en nos contrées. Laurent Marty
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