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Isarphilharmonie
10/13/2023 -  
Vito Zuraj : Automatones (création)
Luciano Berio: Coro

Chor des Bayerischen Rundfunks, Peter Dijkstra (chef de chœur), Symphonieorchester des Bayerischen Rundfunks, Sir Simon Rattle (direction)


Commande de la série musica viva de la Radio bavaroise créée en présence du compositeur slovène Vito Zuraj, Automatones est une œuvre d’une vingtaine de minutes qui évoque machineries et engrenages. Structurée en plusieurs parties, la musique semble décrire une série de mouvements, machines un peu mystérieuses et évocatrices. A l’exception du début, une série d’accords stridents, l’orchestration est assez subtile sans saturation du son, procédé qu’utilisent bon nombre de compositeurs contemporains. Les textures sont variées. On se surprend à entendre des combinaisons d’instruments assez originales, comme un duo accordéon et harpe ou plus tard cor et célesta. L’Orchestre symphonique de la Radio bavaroise montre qu’il sait aussi servir la musique contemporaine. Premysl Votja au cor et Magdalena Hoffmann à la harpe ont tous deux des superbes interventions et Rattle les fait tous deux se lever lors des applaudissements.


Lors de son précédent concert, Sir Simon Rattle avait mélangé une œuvre de Betsy Jolas et un classique, la Sixième Symphonie de Mahler. Ecrit en 1976, Coro est peut‑être un déjà un classique au même titre et figure parmi les œuvres phares de Luciano Berio. A cette date, Vito Zuraj n’était pas encore né.


Comme pour les Chants populaires de Berio, l’œuvre regroupe des textes écrits en plusieurs langues – italien, espagnol, anglais, français, hébreu... – entrecoupés par la reprise régulière de vers de Pablo Neruda. Son originalité est également de disposer quarante chanteurs, chacun à côté de musiciens de l’orchestre. Cela permet de produire des variétés de sons et de couleurs assez surprenantes. Comme pour les Vêpres de Monteverdi, la spatialisation des chanteurs ajoute une grande originalité. On se demande plus d’une fois d’où vient exactement le son dans cette pièce captivante. Le texte n’est pas toujours très clair mais Berio sait trouver des effets étonnants, faisant répéter certains mots, créant des vagues de sons lors des tutti ou variant les interventions des chanteurs et des instruments à leurs côtés. C’est une œuvre qui a ligne, couleurs et beaucoup d’émotion et de force. Elle bénéficie d’être entendue en concert pour apprécier sa force et sa subtilité. Rares sont les œuvres avant‑gardistes dont on peut évoquer de telles caractéristiques.


Il faut souligner à nouveau la grande valeur du Chœur de la Radio bavaroise. Cette pièce leur permet de montrer qualité des solistes et qualité des ensembles. Nous sommes loin du monde de La Création de Haydn mais on retrouve les mêmes couleurs, homogénéité et dynamique. Les musiciens de l’orchestre s’équilibrent avec les chanteurs. La salle quasiment pleine est très attentive et silencieuse. Lorsque résonne le dernier accord, la grande surprise est de réaliser qu’une heure vient de s’écouler tant on est pris par un tel chef‑d’œuvre.



Antoine Lévy-Leboyer

 

 

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