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Noble et sentimental

Paris
Théâtre des Champs-Elysées
04/25/2002 -  

Maurice Ravel : Valses nobles et sentimentales
Camille Saint-Saëns : Concerto pour piano n° 4, op. 44
Albéric Magnard : Symphonie n° 4, op. 21


François-René Duchable (piano)
Orchestre national de France, Hugh Wolff (direction)


François-René Duchable s’était déclaré, en juillet 2000, las du cérémonial du concert et avait annoncé son intention de renoncer prochainement à se produire en public. S’inscrivant pourtant dans un programme présenté dans un ordre on ne peut plus traditionnel et dans une salle on ne peut plus classique, il ne donne pas un instant l’impression de s’ennuyer. Et les spectateurs, dans une ovation qui se prolonge après que les lumières se sont rallumées, ne semblent pas non plus avoir passé un mauvais moment.


Et c’est un euphémisme. Car dans le magnifique Quatrième concerto pour piano de Saint-Saëns, le pianiste français, d’une aisance (dé)concertante, fait feu de tout bois : conjuguant idéalement liberté et rigueur, intelligence et romantisme (noble mais pas sentimental), d’une précision diabolique, il ne triche jamais avec la pédale, tout en prenant soin d’entretenir le dialogue avec le chef et les musiciens (ils avaient déjà joué ensemble le Concerto de Schumann en septembre 2000, voir ici). La première des Etudes (Tierces majeures et mineures) de l’opus 111 du même Saint-Saëns parachève ce triomphe avec un chic parfait.


Pour encadrer ce qui restera sans doute comme l’un des grands moments de la saison, Hugh Wolff et l’Orchestre national confrontaient deux œuvres quasi contemporaines : ils font ressortir la subtilité de l’orchestration des Valses nobles et sentimentales (1911-1912) de Ravel, avant de donner l’une des rares interprétations de la Quatrième symphonie (1913) d’Albéric Magnard.


Bien entendu, l’écriture de Magnard est plus proche de celles des symphonies de Chausson, Dukas ou d’Indy, que de celle de Ravel, Debussy ou même Roussel, et certaines caractéristiques d’un franckisme bien orthodoxe s’y déploient amplement (thèmes cycliques, chorals, développement fugué dans le final). Teintée de wagnerisme, elle se caractérise en même temps à plusieurs reprises un recours aux mélodies populaires et un sens de l’espace plus nordiques (Vaughan Williams, Sibelius) que français. Insufflant un élan continu à cette partition… noble et sentimentale, le chef américain fait preuve de la générosité que requiert cette musique. Il est remarquablement suivi par un Orchestre national en bonne forme, qu’on ne remerciera jamais assez de remettre ce patrimoine musical à l’honneur.



Simon Corley

 

 

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