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Tous unis pour Mahler

Bruxelles
Bozar, Salle Henry Le Bœuf
10/01/2023 -  
Gustav Mahler : Symphonie n° 2
Ilse Eerens (soprano), Nora Gubisch (alto)
Académie des chœurs de la Monnaie, Vlaams Radio Koor, Chœurs de la Monnaie, Emmanuel Trenque (chef des chœurs), Orchestre symphonique de la Monnaie, Alain Altinoglu (direction)


A. Altinoglu (© Dirk Leemans)


Tous unis pour Mahler ou comment trois institutions fédérales, Bozar, l’Orchestre national de Belgique et l’Orchestre symphonique de la Monnaie collaborent pour présenter, sur deux saisons, l’intégralité de ses Symphonies. En 2023‑2024 sont prévues les Première, Deuxième, Cinquième et Sixième, mais le projet ne néglige pas pour autant le volet vocal, avec, le 18 février, les Lieder eines fahrenden Gesellen, un concert de la Monnaie déjà annoncé sold out. Il semble que les deux orchestres céderont certaines œuvres à d’autres formations invitées : l’Orchestre symphonique de Dallas exécutera ainsi la Cinquième, toujours à la Salle Henry Le Bœuf, le 16 juin.


Saluons l’initiative, bien qu’il ne soit plus urgent aujourd’hui de défendre Mahler, tout comme Bruckner qui pourrait tout aussi bien faire l’objet de ce genre de projet, tellement ses œuvres figurent en bonne place au répertoire des orchestres, et pour encore longtemps. Il existe, en effet, bien d’autres grands symphonistes autrement négligés au concert, du moins chez nous, comme Vaughan Williams. Mais il faut bien, il est vrai, remplir les salles et certains noms attirent du monde plus facilement que d’autres.


Et ne boudons pas notre plaisir : l’Orchestre symphonique de la Monnaie réussit la Deuxième Symphonie (1888‑1894). L’exécution répond aux attentes, les dépasse, même, parfois, par sa tenue générale, la beauté de ses sonorités et sa profondeur. Alain Altinoglu construit son interprétation avec acuité et précision, conférant une envergure assez impressionnante à cette symphonie dont il souligne avec exactitude les multiples dimensions. Particulièrement inspiré, le chef restitue avec maîtrise et sensibilité le ton propre à chaque mouvement, sans en négliger le moindre aspect, même si l’Andante moderato, joué avec suffisamment de grâce et de légèreté, suscite un peu moins d’intérêt par rapport au reste de la partition, surtout après un Allegro maestoso à vrai dire très convaincant. L’orchestre se distingue autant dans la douceur et le lyrisme que dans le fracas ou la puissance.


Le directeur musical obtient des différents pupitres, tous remarquables, avec une mention particulière pour les bois, un jeu enlevé, mais sans lourdeur, et un équilibre quasiment parfait, ce qui permet de traduire les intentions du compositeur avec clarté. Les rares passages dans lesquels la mise en place paraît moins optimale demeurent finalement anecdotiques, largement compensés par le souffle et la passion qui parcourent cette interprétation intense. Autre motif de satisfaction, les choristes, qui s’installent après l’Allegro maestoso, afin de ménager un moment de respiration bien nécessaire, pause d’ailleurs prescrite par Mahler, mêlent des chanteurs de l’Académie, des Chœurs de la Monnaie et du Chœur de la Radio flamande, tous précis et fervents grâce à la préparation approfondie d’Emmanuel Trenque. Ilse Eerens et Nora Gubisch forment un beau duo, la mezzo‑soprano se distinguant sans conteste par une voix et une expressivité adéquates.


Le public accorde une ovation debout aux musiciens, manifestation d’enthousiasme trop souvent systématique de nos jours mais compréhensible cette fois‑ci. Une fin d’après‑midi ensoleillée et emplie d’émotion.



Sébastien Foucart

 

 

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