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Jeunes Paris Salle Pleyel 04/19/2002 -
Wolfgang Amadeus Mozart : Concerto pour piano n° 20, K. 466 Franz Schubert : Symphonie n° 5, D. 485 Arnold Schönberg : La Nuit transfigurée, opus 4
Stéphane Langlois (piano) Orchestre philharmonique de Radio-France, Günther Herbig (direction)
Hier soir à Pleyel, un pianiste tout juste âgé de quatorze ans et des œuvres écrites par des compositeurs de moins de trente ans : Radio France, avant de consacrer un week-end entier (26-28 avril) aux femmes, fait d’abord, en quelque sorte, dans le « jeunisme ».
Régulièrement invité par un Orchestre philharmonique de Radio France avec lequel le contact paraît pourtant à chaque fois assez distant, Günther Herbig, directeur musical de l’Orchestre la Radio sarroise depuis 2001, ouvre la soirée par une remarquable Cinquième symphonie de Schubert. Juvénile et mozartienne sans mièvrerie, servie par un orchestre modeste (quarante cordes), elle sonne de façon transparente, légère, précise, avec des attaques franches mais aussi des tutti d’une belle plénitude. Si l’allegro initial, avec la reprise, est pris dans un tempo assez vif, l’andante qui suit n’est sans doute pas con moto, mais c’est sans doute pour mieux souligner, par des phrasés particulièrement soignés, les aspects romantiques de ce mouvement. Le menuet, très accentué, contraste parfaitement avec son trio, et l’allegro vivace conclut dans l’esprit du premier mouvement.
Formé en Italie, Stéphane Langlois a déjà joué l’été dernier avec l’Orchestre national à Montpellier. Pour ses débuts parisiens, il interprète le Vingtième concerto de Mozart. Visiblement, l’assurance n’attend point le nombre des années, d’autant que la technique - et même la puissance - ne semblent pas soulever de difficultés. Le jeune pianiste, extériorisant ses sentiments, montre clairement qu’il vit intensément chaque mesure. Son jeu traduit également ce côté extraverti, dans une approche résolument personnelle, plus romantique que classique, entrecoupée de silences, de points d’orgue et de fluctuations de tempo très marqués. Fantasque ou décousu, libre ou maniéré, chacun appréciera ensuite à l’aune de ce qu’il attend chez Mozart.
Nul doute toutefois que cette énergie débordante et cette façon de faire un sort à chaque note recueilleront davantage de suffrages dans la versatilité et l’emportement des deux Poèmes opus 32 de Scriabine. Un compositeur trop rarement programmé par les pianistes français pour que l’on ne se réjouisse pas de le voir déjà au répertoire de Stéphane Langlois.
Ce bis était d’autant plus opportun qu’il constituait une excellente transition vers l’univers de la Nuit transfigurée de Schönberg, qui, au demeurant, comme le concerto de Mozart, commence en ré mineur et s’achève en ré majeur. Sans baguette ni partition, mais à la tête d’un effectif renforcé (cinquante cordes), Herbig en donne une lecture sage et retenue, d’autant plus exacte qu’elle est mise en valeur, une fois de plus, par la qualité des pupitres de l’Orchestre philharmonique.
Concert diffusé sur France-Musiques le mercredi 24 avril à 20 heures.
Simon Corley
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