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Les Tchèques en Amerique

Paris
Théâtre des Champs-Elysées
04/18/2002 -  

Wolfgang Amadeus Mozart : « Don Giovanni », ouverture, K. 527 - Concerto pour piano n° 25, K. 503
Bohuslav Martinu : Symphonie n° 1, H. 289


Emmanuel Ax (piano)
Orchestre national de France, Zdenek Macal (direction)


Dans ce programme, le déroulement classique ouverture/concerto/symphonie est habilement mis en valeur par un fil conducteur simple et relevé par une œuvre rare : en effet, l’ouverture de Don Giovanni annonçait à la fois, du même compositeur, le quasi-contemporain Vingt-cinquième concerto pour piano et, au travers de Prague (où fut créé l’opéra de Mozart), la Première symphonie de Martinu.


La partie soliste du concerto est confiée à Emmanuel Ax. Très à l’aise techniquement - ce dont témoigne par exemple la cadence très personnelle (et d’un style quelque peu décalé) qu’il donne à la fin du premier mouvement - il semble parcourir la partition de façon gourmande et curieuse, sans idée préconçue. C’est l’occasion pour lui de faire valoir une grande variété de touchers, de l’évanescent au mécanique, avec toutefois des attaques parfois un peu dures sur les notes détachées. Le pianiste américain est-il désarmé par la simplicité apparente du discours ? Toujours est-il que sa main droite esquisse parfois, dans les moments les plus lyriques, une sorte de vibrato, comme si l’instrument lui paraissait impuissant à restituer toute l’expression qu’il souhaiterait y apporter. En bis, il offre une interprétation… de rêve de la Berceuse de Chopin, toute en délicatesse et en nuances.


Sans la politique audacieuse de Radio-France, on n’entendrait jamais à Paris les six symphonies de Bohuslav Martinu (et encore, il faut remonter à plus de cinq ans pour la Cinquième, dernière donnée, tandis que la Deuxième et la Troisième n’ont pas été jouées, sauf erreur de ma part, depuis au moins vingt ans). L’absence d’un tel corpus à l’affiche, alors que l’on peut entendre, au cours d’une même saison, une et parfois même plusieurs intégrales Beethoven, Brahms, Mahler, Sibelius ou Chostakovitch, est d’autant plus incompréhensible que ce compositeur entretenait des liens très étroits avec la France.


D’une lenteur très appuyée dans le début de l’ouverture de Don Giovanni, carré et efficace dans son accompagnement du concerto, Zdenek Macal, chef américain d’origine tchèque, donne l’impression de vivre de l’intérieur la Première symphonie (1942) de Martinu, écrite aux Etats-Unis par un Tchèque émigré et coup de maître d’un compositeur âgé de cinquante-deux ans, dont le style et la formation paraissaient jusqu’alors rétifs à l’idée même de symphonie.


Macal prend son temps, notamment dans le scherzo (à l’exception des dernières mesures, prises dans un accelerando vertigineux), et privilégie une approche libre et intuitive. Le travail avec un excellent Orchestre national de France, qui fait admirablement ressortir, ici ou là, les chatoyantes couleurs françaises d’une instrumentation hautement raffinée, va bien au-delà de la mise en place, globalement réussie au regard de la complexité de l’écriture : l’expression à la fois simple et tendue du largo, qui semble anticiper le Mémorial pour Lidice (1943), suffirait à le prouver.


Le public, un peu clairsemé, sans doute en raison des vacances scolaires, réserve un accueil très favorable aux musiciens. L’arrivée de Macal à la tête de la Philharmonie tchèque en septembre 2003, où il succédera à Vladimir Ashkenazy, semble donc s’annoncer sous d’excellents augures.



Simon Corley

 

 

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