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Saint-Céré

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Epure saisissante

Saint-Céré
Prudhomat (Château de Castelnau-Bretenoux)
08/09/2023 -  et 17, 19 mai 2019 (Compiègne), 10 (Sète), 13 (Foix), 17, 18 (Tourcoing), 25 (Le Perreux‑sur‑Marne), 27 (Paris), 29 (Grenoble) novembre 2022, 1er décembre (Perpignan) 2022, 10, 12 août 2023 (Prudhomat)
Georges Bizet : La Tragédie de Carmen (adaptation Marius Constant)
Julie Robard‑Gendre (Carmen), Sébastien Droy (Don José), Marianne Croux (Micaëla), Thomas Dolié (Escamillo), Nicolas Vial (Le lieutenant), Laurent Evuort-Orlandi (Lillas Pastia, Garcia)
Miroirs Etendus, James Salomon Kahane (direction musicale)
Florent Siaud (mise en scène), Romain Fabre (scénographie, costumes), Cédric Delorme-Bouchard (lumières), Thomas Israël (vidéo)


J. Robard‑Gendre, S. Droy (© L’Estive)


Bal tragique à Séville : quatre morts et une blessée. Lorsqu’il a adapté Carmen en 1981 aux Bouffes du Nord avec le concours de Jean‑Claude Carrière (1931‑2021), Peter Brook (1925‑2022) n’a donc pas exagéré en choisissant le terme de « tragédie ». Et au‑delà des changements intervenus dans la narration et la dramaturgie, qui se fondent non seulement sur le livret de Meilhac et Halévy mais aussi sur la nouvelle originelle de Mérimée, c’est bien de Tragédie, avec un « t » majuscule, qu’il s’agit dans cette épure saisissante de l’opéra de Bizet, de tragédie grecque, de tragédie classique.


Marius Constant (1925‑2004) a très habilement arrangé la partition pour coller au nouveau découpage de l’action et réduire l’orchestre : le rythme de habanera confié aux seules timbales dans « L’amour est un oiseau rebelle », qui revient à la toute fin, constitue un exemple parfait de recréation fidèle à l’esprit de l’œuvre originale. A la quintessence du théâtre (quatre chanteurs et deux comédiens) correspond donc celle de la musique (un ensemble de quinze instruments), même si elle nous prive de quelques moments forts, comme le quintette du deuxième acte.


Dès 1982, Brook fit de cette Tragédie de Carmen un film – trois, en fait, avec trois distributions différentes – mais la pièce par elle‑même a continué de vivre de par le monde, comme à New York en 2019 ou bien dans une coproduction du Théâtre Impérial - Opéra de Compiègne et de la compagnie Miroirs Etendus, créée également en 2019. C’est cette coproduction qui est reprise au Festival de Saint‑Céré, en plein air, dans le cadre toujours aussi exceptionnel du château de Castelnau-Bretenoux (XIIe -XVIIe).


En plein cœur de l’été, le lieu sied à ce drame méditerranéen, au décor dépouillé conçu par Romain Fabre, où le rouge s’impose, du sol jusqu’à la muraille qui domine le fond de scène côté cour, et aux projections sur les hautes parois de la cour intérieure, celle des ombres immenses des protagonistes impressionnant davantage que les quelques images peinant à se détacher sur les pierres sombres. Romain Fabre a également réalisé les costumes, dont l’ancrage géographique est manifeste, tandis que leur époque évoque sans doute les noires années franquistes. Parfaitement lisible et redoutablement efficace, la mise en scène de Florent Siaud exaspère le déferlement des passions, la violence et la sensualité de ce précipité de Carmen.


Il est vrai qu’elle est portée par d’excellents comédiens, Nicolas Vial et Laurent Evuort-Orlandi, mais aussi par des chanteurs particulièrement investis dans leur rôle, à commencer par Julie Robard‑Gendre, Carmen capiteuse et vénéneuse tout autant vocalement que dramatiquement. Très à l’aise en Don José, Sébastien Droy séduit quant à lui par son timbre et le soin qu’il apporte à la mise en valeur du texte. Thomas Dolié est un Escamillo aussi imposant que d’une remarquable musicalité, tandis que Marianne Croux se tire très honorablement de la tâche toujours difficile consistant à donner vie au personnage de Micaëla. A la tête de l’ensemble Miroirs Etendus, James Salomon Kahane maîtrise la situation, avec une certaine prudence dont on peut penser qu’après cette première soirée, elle se sera estompée pour les deux représentations restantes.


Le site du Festival de Saint‑Céré
Le site de James Salomon Kahane
Le site de Julie Robard‑Gendre
Le site de Marianne Croux



Simon Corley

 

 

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