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Le bonheur est sur le parvis

Menton
Parvis Saint-Michel
08/03/2023 -  
Johann Sebastian Bach : Concerto pour orgue n° 2 en la mineur, BWV 593 (arrangement Samuel Feinberg)
Alexandre Scriabine : Prélude et Nocturne pour la main gauche, opus 9
Frédéric Chopin : Sonate pour piano n° 2, opus 35
Richard Wagner : Tannhaüser : Ouverture (transcription Franz Liszt, S. 442)
Mieczyslaw Weinberg : Sonate pour piano n° 4 en si mineur, opus 56

Alexander Malofeev (piano)


(© Festival de Menton)


Pour sa soixante‑quatorzème édition, le Festival de Menton, toujours placé sous la houlette de Paul‑ mmanuel Thomas, directeur du conservatoire de la ville, a accueilli une nouvelle fois une myriade de stars, parmi lesquels Nikolaï Lugansky, Jakub Jozef Orlinski, Gautier Capuçon, Alexandre Kantorow... C’est dire l’ambition de la manifestation estivale, l’une des plus anciennes du pays, qui continue de se dérouler dans le cadre enchanteur du parvis de la basilique Saint‑Michel, avec comme toile de fond la mer Méditerranée...


En ce 3 août, c’est le jeune pianiste virtuose russe Alexander Malofeev (21 ans !) qui était invité à se produire sur le parvis, dans un programme éclectique réunissant des ouvrages de Bach, Chopin, Weinberg ou encore Liszt. D’emblée, dans la transcription de Feinberg du Deuxième Concerto pour orgue de Bach (d’après Vivaldi), le pianiste fait montre d’une simplicité pure et d’une finesse extrême, aussi soignée que naturelle, subjuguant l’auditoire (venu en masse, la soirée affichant complet) par sa musicalité comme par l’élégance de sonorités perlées. Il poursuit la soirée avec le Prélude et Nocturne pour la main gauche de Scriabine, une œuvre empreinte d’une grande sérénité : son interprétation nécessite une grande maîtrise de l’instrument, ce que le jeune prodige possède indéniablement.


C’est à un moment de pur magie auquel on assiste ensuite, avec la Deuxième Sonate de Chopin, notamment à travers un troisième mouvement qui nous hantera longtemps : une « Marche funèbre » que le pianiste interprète ici avec une extraordinaire manière de retenir la mélodie. Se tenant droit comme un I sur son tabouret, la tête souvent levée vers un hypothétique horizon, dans une attitude presque christique, Malofeev joue comme si le clavier n’existait plus. Tout est dans l’esprit de cette marche douloureuse vers la dernière demeure : la main gauche, ordonnatrice de la cérémonie, avance au pas lent du cortège, et se dirige vers sa destination avec une majesté inflexible, alors que la main droite, fébrile, frôlant sublimement les touches, découvre la veuve, récalcitrante à suivre le chemin et à accepter l’inévitable marche vers le néant. Du grand art !


Après un salutaire entracte pour se remettre de ses émotions, c’est à la virtuose Ouverture de Tannhaüser de Wagner transcrite par Liszt que l’elfe blond s’attaque : il en assume toute la performance technique avec une solidité de jeu impressionnante, jusqu’aux couleurs flamboyantes des « cuivres » ou le ressac spectaculaire des « cordes », qui font preuve d’une incroyable envergure de geste. Et pour clore la soirée, c’est vers Weinberg qu’il se tourne, en mettant à son programme sa Quatrième Sonate pour piano . Son jeu équilibré, franc mais sensible, évite tout pathos et ne force jamais le trait, pour mieux rendre évocatrice cette musique claire et délicate. A son écoute, l’on se sent à la fois intérieurement plus dense et comme purifié...


Le site d’A. Malofeev



Emmanuel Andrieu

 

 

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