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Flûte, alors ! Menton
Parvis Saint-Michel
07/28/2023 - et 10 juillet (Paris), 30 octobre (Haarlem), 15 décembre (Groningen) 2022, 11 octobre 2023 (Utrecht)
Chansons traditionnelles irlandaises (arrangements Max Knigge)
Henri Duparc : L’Invitation au voyage (arrangement Max Knigge)
Maurice Ravel : Le Tombeau de Couperin : 6. « Toccata » (arrangement Fuse)
Claude Debussy : Syrinx
Béla Bartók : Danses populaires roumaines, Sz. 68 (arrangement Max Knigge)
Igor Stravinsky : Chanson russe (arrangement Max Knigge)
Astor Piazzolla : Fuga y misterio (arrangement Marijn van Prooijen) – Libertango (arrangement Max Knigge)
Miles Davis : Blue in Green (arrangement Rob Horsting)
Zequinha de Abreu & Charlie Parker : Tico‑Tico (arrangement Rob Horsting)
Charlie Parker : Ornithology (arrangement Rob Horsting)
Lucie Horsch (flûte à bec)
Fuse : Julia Philippens, Emma van der Schalie (violon), Adriaan Breunis (alto),
Mascha van Nieuwkerk (violoncelle), Tobias Nijboer (contrebasse), Daniel van Dalen (percussions)
(© Catherine Filliol/Ville de Menton)
Le Festival de Menton en est cette année à sa soixante‑quatorzième édition. Suspendu entre ciel et mer au‑dessus du port, il se déroule sur cette place en hauteur qu’on nomme parvis Saint‑Michel, dont le splendide décor est formé par les façades de deux églises baroques. Jean Cocteau, dont on célèbre en 2023 les soixante ans de la disparition, qui fut parmi les premiers auditeurs du festival et qui dessina ses premières affiches, le décrivait ainsi : « Il n’existe nulle part ailleurs lieu plus dépaysé, plus insolite, plus suspendu dans le vide... Voilà les sortilèges d’un opéra dont le lustre est d’étoiles, les loges de chambres, la rampe de lune et de torches, le silence de cette longue rumeur des rues et des vagues... »
De tout temps, on y a vénéré des pianistes de légende comme Samson François, Sviatoslav Richter, Benedetti-Michelangeli, des violonistes illustres comme Isaac Stern ou d’inoubliables violoncellistes comme Rostropovitch. L’excellence continue cette année avec nos stars d’aujourd’hui : Lugansky, Kantorow, Capuçon.
Mais voilà que la hiérarchie des valeurs a été bousculée par une artiste qu’on n’attendait pas, Lucie Horsch, représentante hollandaise d’un instrument dont beaucoup ne parlent qu’avec ironie ou mépris : la flûte à bec. Au-delà de son étonnante vélocité, Melle Horsch joue de son instrument avec une musicalité qui pourrait donner des complexes à beaucoup de concertistes chevronnés. Avec sa sonorité diaphane et sa souplesse de jeu, elle est à l’aise dans tous les répertoires : classique (Debussy, Bartók), folklorique (chansons irlandaises), tango et jazz. Elle joue Syrinx de Debussy avec la même élégance que Rampal, autrefois, en ce même lieu, sur sa flûte traversière.
Elle était accompagnée par l’ensemble de musiciens Fuse, qui ont la même élégance de jeu qu’elle. Si le répertoire des Danses roumaines de Bartók ou des pièces russes de Stravinsky s’imposait dans leur programme, on eut la surprise de les entendre jouer des œuvres aussi subtiles que L’Invitation au voyage de Duparc ou Le Tombeau de Couperin de Ravel. Ils le firent avec tant d’élégance et de finesse que ce fut un régal de les entendre.
Suivant les morceaux, Lucie Horsch changeait d’instrument, passant de la toute petite flûte piccolo ou sopranino à la flûte soprano ou la flûte alto. Il lui arriva même de changer de flûte au cours du même morceau, par exemple au fur et à mesure des entrées d’une fugue d’une pièce de Piazzolla.
Sur le parvis Saint‑Michel, Lucie est arrivée presque comme un ovni. On s’en souviendra.
Le site du Festival de musique de Menton
Le site de Lucie Horsch
Le site de l’ensemble Fuse
André Peyrègne
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