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Double récital fleuve

Châteauroux
Vic-Nohant (Domaine de George Sand)
07/25/2023 -  
Frédéric Chopin : Ballade n° 4, opus 52 (#) – Sonate pour piano n° 2 « Funèbre », opus 35 (*)
Serge Rachmaninov : Morceaux de fantaisie, opus 3 : 2. Prélude – Préludes, opus 23 n° 1, n° 2, n° 4, n° 5, n° 6 et n° 7 & opus 32 n° 1, n° 2, n° 3, n° 5, n° 10, n° 12 et n° 13 (#) – Sonate pour piano n° 2, opus 36 (*)

Fanny Azzuro (#), Guillaume Vincent (*) (piano)


F. Azzuro (© Martine Le Caro)


Le Festival Chopin de Nohant salue comme il se doit le cent cinquantième anniversaire de la naissance de Rachmaninov (qui est aussi le quatre‑vingtième de sa mort). L’après‑midi dans la chapelle des Capucins de l’ancien hôpital de La Châtre, une « causerie-rencontre » d’Alain Lompech, avec pour sparring partner Jean‑Yves Clément, conseiller musical et littéraire du festival, souligne tout particulièrement, au‑delà bien sûr de la qualité de pianiste compositeur, un trait commun que partagent les deux hommes – un exil sans retour, quoique motivé par des raisons différentes – et s’attache à faire du Russe un « compositeur du XXIe siècle » au regard de la reconnaissance tardive de sa musique en raison des préjugés dont elle aurait longtemps été victime.


Le soir, en présence d’Alexandra Conus Rachmaninoff-Brochard, arrière‑petite‑fille du compositeur, la responsabilité de cet hommage pèse sur les épaules de deux trentenaires français. Fanny Azzuro (née en 1986) débute par une Quatrième Ballade (1842) de Chopin mate et réservée, qui se libère toutefois quelque peu dans la coda mais elle paraît bien davantage chez elle avec Rachmaninov, dont elle a publié l’an dernier un enregistrement des Préludes –vingt‑quatre, comme Chopin (sans compter les réminiscences stylistiques...) : les dix de l’Opus 23 et les treize de l’Opus 32 (1910) auxquels s’ajoute le fameux Prélude en ut  dièse mineur (1892). C’est avec celui‑ci qu’après avoir tombé la veste, elle commence une sélection de quatorze de ces pièces, où l’on admirera tour à tour la clarté du jeu, la lisibilité des voix, la fluidité des traits, la belle sonorité du Bechstein, la puissance des basses aussi bien que la transparence impalpable des aigus, les étincelles qui fusent mais aussi la pudeur de l’expression et la capacité à créer des atmosphères inquiétantes – bref, une parfaite maîtrise du sujet.



G. Vincent (© Martine Le Caro)


Avec Guillaume Vincent (né en 1991), la Deuxième Sonate « Funèbre » (1839) de Chopin n’a pas plus de chance qu’avec Janusz Olejniczak la veille : premier mouvement carré et nerveux, dur et même percussif, heurté et discontinu à force de coups d’accordéon dans le tempo et dans l’expression, avec en outre une curieuse reprise au Grave (et non au Doppio movimento comme c’est l’usage). Le Scherzo est à l’avenant, tandis que la Marche funèbre, guère plus souple, bénéficie de davantage de sobriété, avec une partie centrale aux limites de l’effacement et de l’évaporation, avant que l’étrangeté du brévissime Finale ne soit pleinement assumée. Sans doute plus solide pour supporter une telle approche, la Seconde Sonate (1913/1931) de Rachmaninov remporte ce match des deux sonates en si bémol mineur, avec des déferlements spectaculaires de notes mais un discours toujours fragmenté dans l’Allegro agitato, enfin un peu de chaleur dans le Non allegro. Lento mais des embardées tapageuses dans l’Allegro molto final.


Cette dernière soirée de la cinquante‑septième édition du festival se conclut sur un bis conjoint (à quatre mains) et extrêmement généreux, avec les Six Morceaux (1894) de Rachmaninov. Azzuro et Vincent font regretter que ce recueil apparaisse moins souvent à l’affiche que les deux Suites pour deux pianos : on apprécie en effet le lyrisme d’une sensuelle « Barcarolle » mais aussi les ombres et lumières de la « Romance », le caractère fantastique du « Scherzo » et les fantasques enchaînement harmoniques de la « Valse », tandis qu’on entend encore nettement la marque de Tchaïkovski et Moussorgski dans le « Thème russe » et dans « Gloire » (sur le même thème, la chanson russe Gloire au soleil, que celui de la partie centrale de l’Allegretto du Huitième Quatuor de Beethoven), qui carillonne joyeusement et qui, bis dans le bis, sera repris par les deux pianistes.


Le site de Fanny Azzuro
Le site de Guillaume Vincent



Simon Corley

 

 

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