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Liszt le franciscain

Nice
Cloître de Cimiez
07/15/2023 -  
Franz Liszt : Années de pèlerinage (Troisième Année : Italie), S. 163 : 4. « Les Jeux d’eaux à la Villa d’Este » – Années de pèlerinage (Deuxième Année : Italie), S. 161 : 6. « Sonetto CXXIII del Petrarca » & 7. « Après une lecture du Dante »
Unsuk Chin : Six Etudes : 6. « Grains »
Maurice Ravel : Gaspard de la nuit
Győrgy Ligeti : Musica ricercata

Bertrand Chamayou (piano)


B. Chamayou (© André Peyrègne)


Parmi tous les lieux qui accueillent des festivals en Provence, le cloître de Cimiez à Nice est l’un de ceux qui ont le plus de charme. Traversons la roseraie qui domine les lumières de la ville et le scintillement lointain de la célèbre baie des Anges et nous voilà dans le cloître. Cet endroit, entouré d’arcades toutes simples, est un écrin de paix et de sérénité. La musique s’y sent bien. Au‑dessus de la scène a été déployé un velum blanc semblable à l’aile d’un immense oiseau préhistorique.


Avec ses près de soixante‑dix ans d’existence, ce festival est l’un des plus anciens de France. Existant en marge de l’Académie internationale d’été, il est dirigé depuis six ans par la pianiste niçoise Marie‑Josèphe Jude, professeur au conservatoire de Paris.


Bertrand Chamayou y a donné le premier concert de l’été. Par sa puissance et sa virtuosité, il a parfaitement défendu sa réputation de grand interprète de Liszt. « Les Jeux d’eaux à la Villa d’Este » avaient leur place dans ce cloître franciscain, ayant été composés à une époque où Liszt était entré au sein de cet ordre religieux et avait écrit sur sa partition cette phrase de saint Jean : « Celui qui boira cette eau ne sera jamais plus altéré car elle sera pour lui source de vie éternelle ». Cela donne une dimension spirituelle à cette œuvre ruisselante d’arpèges. Les deux autres œuvres de Liszt au programme étaient un Sonnet de Pétrarque et « Après une lecture du Dante ».


Dans Gaspard de la nuit de Ravel, Bertrand Chamayou donna un côté particulièrement sarcastique à la troisième pièce,« Scarbo ». Dans la nuit de Cimiez retentit aussi la Musica ricercata de Ligeti. Les diverses pièces de cette œuvre sont autant d’exercices de style, la première s’acharnant sur la note la, les suivantes progressant par petits intervalles (demi‑ton, tierce, etc.), la dernière étant une sorte de fugue à l’ancienne. Ce n’est pas autour du la mais du sol dièse que s’articule la Sixième Etude de la compositrice coréenne Unsuk Chin, également au programme. De part et d’autre de ce sol dièse, les notes éclaboussent le clavier dans l’aigu ou le grave dans une sorte de joyeux désordre.


La présence du répertoire moderne n’était pas fortuite dans ce concert. Le festival du cloître de Cimiez a en effet décidé de prendre sa part dans le sauvetage de la musique contemporaine mise en péril par le naufrage récent du Centre international de recherche musicale de Nice. A ce que nous avons pu constater, les pierres du XVe siècle ne semblent pas hostiles à vibrer aux sons du XXIe.



André Peyrègne

 

 

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