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L’érudition musicale Vienna
Konzerthaus
06/01/2023 -
Győrgy Ligeti : Musica Ricercata – Etudes : 10. « Der Zauberlehrling » & 5. « Arc‑en‑ciel »
Johann Sebastian Bach : Die Kunst der Fuge, BWV 1080 : Contrapunctus I, II, III, IV & VIII
Frédéric Chopin : Trois Valses brillantes, opus 34 : 2. en la mineur & 3. en fa majeur
Franz Liszt : Historische ungarische Bildnisse, S. 205 : 4. « Teleki László »
Béla Bartók : Elegies, op 8b, Sz. 41, BB 49 : 2. Molto adagio
Jan Pieterszoon Sweelinck : Fantasia cromatica
Girolamo Frescobaldi : Fiori musicali, F 12 : 29. Recercar cromaticho post il Credo
Kit Armstrong (piano)
K. Armstrong (© Marco Borggreve)
Le jeune pianiste Kit Armstrong (31 ans) a conçu une ingénieuse programmation rendant hommage au centenaire de la naissance de Ligeti. Les onze pièces envoûtantes du recueil Musica Ricercata s’inscrivent avec intelligence au sein d’un vaste panorama d’œuvres, de Sweelinck à Bartók. Cette ligne de récital permet au public de maintenir sa concentration de bout en bout, tout en révélant des connexions inhabituelles à travers l’histoire de la musique. Les pièces de Ligeti gagnent ainsi en présence émotionnelle, avec des éléments de danse apparaissant particulièrement dans les transitions vers les extraits choisis de L’Art de la fugue de Bach et des valses de Chopin. Les racines hongroises et roumaines se trouvent quant à elles mises en perspective par la musique de Liszt et de Bartók, avant de conclure par un retour aux sources du ricercar, où Sweelinck et Frescobaldi prennent vie sous les doigts de l’artiste.
Sur son Bechstein, Kit Armstrong déploie un timbre raffiné et chaleureux, donnant vie aux contrepoints avec une conduite admirable des lignes. Il assume avec audace, et parfois avec une impatience à fleur de peau, les éléments étranges des partitions, osant des ruptures de couleurs et des silences évocateurs dans les valses de Chopin, et exaltant les modernités de rupture de la dernière période de Liszt. Les deux études de Ligeti qui concluent le programme sont présentées avec une sobriété qui préserve leur beauté hypnotique sans céder aux excès de l’exubérance. En guise de bis, deux pièces viennent clore cette soirée, dont l’extraordinaire Gigue K. 574 de Mozart, qui semble condenser en une courte page toute la substance musicale distillée durant ces deux heures de piano jubilatoire.
Kit Armstrong s’impose incontestablement comme un pianiste raffiné, doublé d’une personnalité hors du commun : polyglotte, polymathe, mécène à ses heures, le jeune homme inspire par sensibilité autant que par son érudition.
Le site de Kit Armstrong
Dimitri Finker
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