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Une Italie oubliée Paris Théâtre des Champs-Elysées 04/04/2002 - et 5* avril 2002 Giuseppe Martucci : Notturno, La Canzone dei Ricordi Ferrucio Busoni : Turandot, suite (extraits) Ottorino Respighi : Les Pins de Rome
Barbara Frittoli (soprano) Orchestre National de France, Riccardo Muti (direction)
En Italie, l’opéra a phagocyté toute la vie musicale au point que la musique instrumentale a toujours été marginale et, plus grave, pourrions nous dire, n’a jamais pu se construire une tradition, une spécificité. Les trois compositeurs mis à l’honneur ce soir auront donc été chercher à l’extérieur de leurs frontières leur source d’inspiration, leurs modèles. Giuseppe Martucci (1856-1909), par la délicatesse de ses climats et la douceur des sentiments, évoque immanquablement la musique française. Ferrucio Busoni (1866-1924), qui fit toute sa carrière à Berlin, imprègne ses compositions d’une pâte sonore et d’un sens de la forme typiquement germaniques. Ottorino Respighi (1879-1936), en bon élève de Rimski-Korsakov, retrouve le sens des couleurs éclatantes de son maître. Leur rapprochement en un concert nous laisse difficilement entrevoir un arrière plan que ces compositeurs pourraient partager, la lumière méditerranéenne a disparu chez Busoni, le lyrisme démonstratif est totalement absent de Martucci, le naturalisme et le réalisme de Respighi n’appartiennent qu’à lui dans son pays, mais, et c’est tout l’intérêt de ce programme, au moins découvre-t’on un pan négligé mais captivant de la musique en Italie. La superbe prestation de l’Orchestre National de France galvanisé par un Riccardo Muti impérial contribuera, on l’espère, par son succès, à exciter la curiosité des mélomanes, les compositeurs italiens n’ont pas fait que de l’opéra, qu’on se le dise !
Philippe Herlin
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