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Un duo idéal

Milano
Teatro alla Scala
05/03/2023 -  et 6, 11, 16, 21, 24*, 27 mai 2023
Umberto Giordano : Andrea Chénier
Yusif Eyvazov/Jonas Kaufmann* (Andrea Chénier), Sonya Yoncheva*/Chiara Isotton (Maddalena di Coigny), Luca Salsi/Ambrogio Maestri/Amartuvshin Enkhbat* (Carlo Gérard), Josè Maria Lo Monaco (La contessa di Coigny), Francesca Di Sauro (La mulatta Bersi), Elena Zilio (Madelon), Rubén Amoretti (Roucher), Sung‑Hwan Damien Park (Pietro Fléville), Adolfo Corrado (Fouquier‑Tinville), Giulio Mastrototaro (Matthieu), Carlo Bosi (Un incredibile), Paolo Antonio Nevi (L’Abate), Li Huanhong (Schmidt, Il maestro di casa), Lorenzo B. Tedone*/Emidio Guidotti (Dumas)
Coro del Teatro alla Scala, Alberto Malazzi (préparation), Orchestra del Teatro alla Scala, Marco Armiliato (direction musicale)
Mario Martone (mise en scène), Federica Stefani (reprise de la mise en scène), Margherita Palli (décors), Ursula Patzak (costumes), Pasquale Mari (lumières), Daniela Schiavone (chorégraphie)


(© Brescia e Amisano/Teatro alla Scala)


Jonas Kaufmann et Sonya Yoncheva sont les atouts incontestables de la reprise d’Andrea Chénier à la Scala. Le ténor allemand n’avait plus chanté d’opéra à Milan depuis plusieurs années, c’est peu dire que son retour était attendu avec impatience. Disons‑le d’emblée, il n’a pas déçu. S’il a abordé la soirée avec une certaine prudence, si ses aigus ne sont peut‑être plus aussi rayonnants que par le passé et s’il a clairement perdu en puissance vocale, le chanteur impressionne toujours néanmoins par son sens des nuances, par son art des demi‑teintes, par les couleurs dont il sait agrémenter son chant, par ses pianissimi éthérés et par ses crescendi-decrescendi ahurissants, composant un poète ardent et passionné certes, mais empreint aussi d’une certaine mélancolie. En grande forme, Sonya Yoncheva a séduit, quant à elle, par sa voix ample et lumineuse, extrêmement bien conduite sur toute la tessiture et bien projetée, incarnant une Maddalena vibrante, qui passe de l’enfant gâtée à une femme découvrant l’amour. L’air « La mamma morta » a été confondant d’intensité et d’émotion.


Le Gérard d’Amartuvshin Enkhbat a, pour sa part, laissé perplexe. Si le baryton mongol possède des moyens vocaux proprement impressionnants, son timbre de bronze passant l’orchestre avec insolence, force est néanmoins de reconnaître que le chant est le plus souvent engorgé, que la diction n’est pas toujours compréhensible et que l’interprète ne s’embarrasse pas de nuances, chantant constamment fortissimo. Les rôles secondaires sont tous excellents, à commencer par la splendide Bersi de Francesca Di Sauro, à la voix chaude et charnue. La Madelon d’Elena Zilio fait, elle aussi, forte impression par l’intensité de son chant, quand bien même la voix a subi les outrages du temps. Josè Maria Lo Monaco incarne une Comtesse de Coigny pathétique dans son refus de voir que le monde est en train de changer. On retiendra également l’Incroyable insidieux et intrigant à souhait de Carlo Bosi ainsi que le Roucher sonore et convaincant de Rubén Amoretti.


Dans la fosse, Marco Armiliato mène l’action à un rythme effréné et ne perd jamais de vue la tension dramatique, même s’il a parfois tendance à faire jouer les musiciens trop fort et à couvrir les chanteurs. La production de Mario Martone avait ouvert la saison 2017‑2018 de la Scala. Spectacle traditionnel un brin convenu, à la direction d’acteurs minimaliste, cet Andrea Chénier offre néanmoins quelques beaux tableaux d’ensemble, comme au lever de rideau, lorsque les figurants sont tous immobiles, jolie métaphore pour décrire un monde figé qui sera balayé par le souffle de la Révolution, ou encore la superbe scène finale avec une guillotine en hauteur, vers laquelle monte le couple d’amoureux. Il convient aussi de relever les somptueux costumes d’époque d’Ursula Patzak. On l’a dit, cette reprise vaut essentiellement pour son duo idéal dans les rôles principaux.



Claudio Poloni

 

 

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