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La relève est assurée

Paris
Centre tchèque
04/02/2002 -  

Bohuslav Martinu : Promenades, H. 274 - Sonate pour flûte et piano, H. 306 - Sonate pour piano et violon n° 3, H. 303 - Sonate-madrigal, H. 291
Krystof Maratka : Labyrinthe - Poèmes (création de la version pour violon et alto)


Trio Comenius: Sarka Curdova (flûte), David Mimra (violon), Petra Matejova (piano) [Martinu] - Saskia Lethiec (violon), Karine Lethiec (alto) [Maratka]


Quatrième et dernier du cycle consacré depuis janvier dernier par le Centre tchèque à Bohuslav Martinu, ce concert permettait de découvrir le Trio Comenius, formé de jeunes artistes tchèques, et proposait un programme sans doute plus homogène et surtout plus concentré (1939-1945) dans la production du compositeur.


Exactement contemporaines des Bergerettes pour trio avec piano données au cours du précédent concert, les Promenades (janvier 1939) pour flûte, violon et clavecin (en l’espèce, comme le prévoit aussi la partition, un piano) montrent un Martinu à la fois radieux et sans prétention. L’horaire avancé du spectacle ne m’a malheureusement permis que d’entendre les deux dernières de ces quatre pièces, mais elles étaient restituées avec un beau mélange de vigueur et de souplesse. Ecrite pour la même formation et dans le même esprit, évoquant parfois aussi les Tre ricercari de 1938, la Sonate-madrigal (novembre 1942) concluait avec brio le programme, avant un gracieux bis, Un bouquet à la main (1917), bagatelle en forme de menuet lent composée par Josef Suk.


Entre temps, la Sonate pour flûte et piano (juin-juillet 1945), dans la veine mélodique et rythmique, apparemment intarissable, de la Quatrième symphonie et des Etudes et polkas pour piano de la même année, avait mis en valeur l’agilité et la précision de Sarka Curdova. L’approche très roborative de cette partition éminemment pastorale, avec des contrastes nettement marqués par un piano volontiers dur, laisse toutefois la place, dans l’adagio central, à un lyrisme simple.


Interprétée en début de seconde partie, la Troisième sonate pour piano et violon (novembre-décembre 1944) était sans doute l’œuvre la plus ambitieuse et la plus développée de la soirée. Si l’inquiétude qui habitera plus tard la Cinquième symphonie (1946) est déjà perceptible, notamment dans le poco allegro initial, le halo mystérieux de l’adagio s’estompe au profit d’un lyrisme serein, qui trouve le violoniste David Mimra tout particulièrement à son avantage. Le scherzo, comme descendant de Smetana, ramène à l’esthétique des Etudes et polkas, y compris avec les ombres de son trio central, et le finale, après l’hésitation d’une introduction lente, s’achève dans un climat résolument optimiste.


Le cycle se conclut de façon non moins optimiste, démontrant que l’excellence de la relève d’interprètes tchèques décidés à illustrer la mémoire de Martinu.


Comme de coutume, la soirée se prolongeait dans la belle cave voûtée (et sa soufflerie un peu envahissante) du Centre tchèque, afin d’entendre de brèves compositions du jeune compositeur tchèque Krystof Maratka. Etrangement, les deux partitions présentées à cette occasion peuvent rappeler Martinu : Labyrinthe (2001) pour alto conduit, par son simple titre, vers... Ariane (1958), tandis que Poèmes (1994) pour violon et alto était à l’origine écrite pour violon et violoncelle, deux formations pour lesquelles Martinu a peut-être donné son meilleur, si l’on considère son seul corpus de musique de chambre.


Morceau imposé du dernier concours Max Rostal (Berlin), Labyrinthe oppose, selon les termes mêmes du compositeur, la foi et la prudence, qualités requises pour échapper à ce labyrinthe. Cette pièce, très physique, réclame donc de l’alto solo - Karine Lethiec, remarquable - puissance et virtuosité, alternant avec des passages plus pensifs. Poèmes consiste en six brèves parties enchaînées : le propos se rattache à la poésie tant par le souci porté au traitement du temps et du rythme que par les méthodes de composition, jusqu’à l’aspect visuel de la partition, qui obéit, selon l’auteur, à des notions de strophes, de vers et de rimes. Ludique, toujours très bien écrite pour les cordes, elle pourrait, par ses courtes séquences toujours fortement chargées de signification, se situer à mi-chemin entre Janacek et Webern.



Simon Corley

 

 

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