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D’une Russie à l’autre

Paris
Philharmonie
05/10/2023 -  et 11* mai 2023
Serge Rachmaninov : Rhapsodie sur un thème de Paganini, opus 43
Dimitri Chostakovitch : Symphonie n° 7 « Leningrad », opus 60

Beatrice Rana (piano)
Orchestre de Paris, Klaus Mäkelä (direction)


B. Rana (© Simon Fowler/Warner Classics)


Voyage en Russie, puis en URSS avec le dernier concert de l’Orchestre de Paris. Beatrice Rana ne fait qu’une bouchée de la Rhapsodie sur un thème de Paganini de Rachmaninov, des accords parallèles de la Variation XIV, des unissons de la Variation XXI, des fusées de triolets de la Variation XIX. L’éventail des couleurs est large, entre une Variation VII dont le Dies iræ sonne comme un glas, une Variation XI aux volutes cristallines et une Variation XVIII au lyrisme nuancé, sans outrance dans l’effusion. On a certes entendu des interprétations plus inventives, mais le piano de l’Italienne rutile. L’entente avec l’orchestre, en revanche, fait défaut, Klaus Mäkelä semblant parfois diriger sa propre partition, très brillamment d’ailleurs, même si la bacchanale de la dernière Variation, par exemple, les montre plus en phase. Une coruscante Toccata de Pour le piano de Debussy suit la Rhapsodie, puis un Prélude opus 11 n° 11 de Scriabine finement ourlé, qu’on pourrait néanmoins souhaiter plus poétique.


L’orchestre ne brille pas moins dans une spectaculaire Septième Symphonie de Chostakovitch. La maîtrise de la partition est sidérante, par la clarté des lignes, le naturel des transitions, la précision chirurgicale des détails. On admire aussi le sens de la forme, rigoureusement construite du début à la fin, notamment lorsque vient le final, un peu problématique, très tenu ici alors qu’il peut paraître long – aucune symphonie de Chostakovitch ne s’étire d’ailleurs à ce point. Les musiciens atteignent des sommets, avec des solos de toute beauté tel celui du basson à la fin de l’Allegretto initial. Certes, le son sature sous les fracas des climaxes, mais la partition les exige. Avons‑nous cependant entendu la Symphonie « Leningrad », ses accents mahlériens, ses noirceurs oppressantes, ses presque insoutenables tensions ? Une dimension manque ici, au‑delà de l’éblouissement d’une virtuosité un peu démonstrative – la célèbre marche du premier mouvement, dont le thème se répète et s’enfle progressivement, ne suscite pas l’effroi. Question de génération ? de tempérament ? de parti pris esthétique ? Le Finlandais, en tout cas, a comme « déprogrammé » la Leningrad, qu’elle ait été inspirée par la guerre contre l’Allemagne... ou les purges staliniennes.



Didier van Moere

 

 

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